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Regain inquiétant du masculinisme réactionnaire

L’évolution du mouvement #metoo, bien que persistante, fait face à un obstacle surprenant : un écart croissant d’idées progressistes et conservatrices parmi la génération Z. Selon une étude menée par le Financial Times, qui a rassemblé des données de plus de vingt pays, un écart idéologique d’environ 30 points a émergé au cours des six dernières années entre les jeunes femmes et les hommes de leur génération, en particulier en ce qui concerne l’égalité des sexes.

En France, cette tendance alarmante est tout aussi présente. En janvier, le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes a sonné l’alarme. Son Baromètre annuel du sexisme a également révélé un écart de près de 30 points entre les perceptions des inégalités, qu’elles se produisent dans la famille (28 points) ou dans des espaces publics tels que la rue ou les transports (27 points), parmi les femmes et les hommes de moins de 35 ans. Les auteurs du rapport indiquent que « alors que la défense des droits des femmes s’intensifie dans le discours public, la résistance ne fait que s’accroître ».

Ce modèle est renforcé par une augmentation des attitudes masculinistes et sexistes parmi les jeunes hommes. Par exemple, 28% des hommes entre 25 et 34 ans croient que « les hommes sont naturellement plus adaptés à l’aspect directeur » (contre 9% des 50-64 ans), et 52% estiment qu’il y a une chasse aux sorcières contre les hommes.

Ce concept de backlash, ou « retour de bâton », est bien familier aux féministes. Il a été mis en valeur par la journaliste américaine Susan Faludi pour illustrer l’émergence d’une réaction suite à un progrès féministe. Depuis le mouvement #metoo, il y a beaucoup d’individus qui remettent en question leur identité masculine et le modèle dominant qu’ils ont connus. Cependant, un antiféminisme audacieux s’est également fait une place dans le paysage médiatique.

On a vu se multiplier en quelques années les vidéos et les « podcasts bros », des échanges entre hommes abordant des sujets comme le sport, la musculation, des conseils de séduction, et aussi souvent dépeignant les femmes de manière dégradante et caricaturale, les accusant d’avoir acquis trop de pouvoir. Pour récupérer leur position sociale, ils apprennent à ces jeunes hommes des techniques de séduction expressives basées sur le stéréotype du « mâle alpha », l’image d’une masculinité dominante.

Ces discours rassemblent une « communauté d’hommes très structurée qui vont se soutenir et agir ensemble », explique l’anthropologue Mélanie Gourarier, qui en a fait le sujet de sa thèse, Alpha mâles. Séduire les femmes pour s’apprécier entre hommes, publiée en 2017 aux éditions Seuil. La vague de haine en ligne dont a été victime l’actrice américaine Amber Heard lors du litige qui l’a opposée à son ancien compagnon, l’acteur Johnny Depp, en 2022, illustre l’influence médiatique de ces réseaux.

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