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« Plateaux politiques étouffent préoccupations environnementales »

L’abondance de « commentaire politique » est l’une des créations les plus inutilement risquées de notre société pour elle-même. Avec la banalisation de la vie publique au point qu’il n’est plus nécessaire de la caricaturer, les commentateurs de plateforme des chaînes d’information continue sont devenus des acteurs clés dans la minimisation ou l’euphémisation des réalités scientifiques liées à l’environnement. Ils sont perçus comme l’une des principales raisons de l’assourdissement, de la relégation et de la dépolitisation des questions environnementales.

Tenter de classer ce qui menace la qualité du débat démocratique sur la problématique écologique revient à aligner le commentaire politique avec d’autres phénomènes tels que la manipulation de l’expertise, l’utilisation abusive du discours scientifique, le lobbying industriel, etc.

Les derniers mois l’ont illustré : les reculs historiques dans la protection de l’environnement, au niveau national et communautaire, ont été continuellement analysés comme autant de preuves d’un « échec des écologistes », d’une « défaite pour les Verts », etc. Ce n’est pas inexact, ou que ceux-ci n’ont pas une prédilection pour l’auto-sabotage et la guerre interne – une inclinaison qui les rend incapables de défendre l’essence de leur projet. Mais cela ne représente qu’une fraction minuscule de la réalité, et elle occupe la majeure partie de l’espace. Pour la majorité des commentateurs, la valeur et l’intérêt d’une décision ou d’une déclaration dépendent davantage de ses retombées éventuelles sur la scène politico-médiatique que de ses effets sur le monde réel.

En reportant tout sur les confrontations politiques, les manœuvres offensives et les commentaires passifs-agressifs, en attribuant toute importance au paysage de l’opinion publique, aux récits de l’acquisition et de l’exercice du pouvoir, on en vient à obscurcir la réalité factuelle. Avec cette perspective, cette réalité factuelle est perçue comme une forme de réalité nébuleuse, spectrale, qui est facilement dissoute dans les idéologies et les inclinations des partis politiques.

Enjeux d’une ampleur considérable

La régression de l’agriculture écologique est-elle simplement un « échec pour les écologistes »? Cette tendance à se positionner en dehors ou au-dessus de la réalité présente des signes de menace. Suivant cette logique, on pourrait affirmer que l’augmentation de la prévalence du cancer n’est qu’un échec pour la Ligue contre le cancer. Tout comme l’escalade de cette maladie pose un danger pour chacun d’entre nous, la détérioration de l’environnement impacte ou influencera directement ou indirectement l’ensemble de la population à différents niveaux (y compris les commentateurs politiques).

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