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14 avril 2024 10 h 08 min

« Marie-France Hirigoyen: Psy pour Blessures Invisibles »

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En cette journée ensoleillée de mars, Marie-France Hirigoyen est calme et silencieuse, assise sur son canapé, les mains reposant sur ses genoux. Elle est plus à l’aise dans le rôle d’auditeur que celui de narrateur. De son domicile dans le cinquième arrondissement de Paris, à seulement vingt minutes de là, se trouve son bureau où elle exerce comme psychiatre, psychanalyste, victimologue et thérapeute familial systémique depuis 45 ans.

Chaque année, elle accueille des centaines de patients, pour entendre leurs souffrances allant du plus minime au plus intense, infligées par des violences non apparentes et sans traumas physiques, qu’elles soient quotidiennes ou extrêmes. Préférant recevoir dans son lieu de vie, immaculé et lumineux, car elle estime déjà y passer « trop de temps » son cabinet est un poste d’observation pour comprendre les dysfonctionnements de nos sociétés. « Je ne suis pas une théoricienne, je ne crée rien de nouveau. Je relaie simplement ce que j’entends de mes patients », dit-elle.

Au sein de son bureau où règne la confidentialité, les gens se confient à elle comme à aucun autre, pas même à leurs amis, collègues ou famille. Ils disent sans retenue tout ce qui est indicible. Et pendant tout ce temps, Marie-France Hirigoyen est là – elle écoute. Elle prend des notes. Avec les années, les histoires de ses patients ont nourri ses livres, des essais qui ont influencé le débat public sur la violence psychologique et qui ont contribué à sa reconnaissance légale. Ses préoccupations principales : protéger les enfants.

Un quart de siècle après avoir publié son livre innovant sur le mobbing moral, cette femme, qui scrute la frontière entre le conflit normal et la violence depuis des décennies, offre à présent Séparations avec enfants (La Découverte). Elle y examine, de manière approfondie, le traumatisme des enfants lorsque leurs parents se séparent. « Il ne s’agit pas de blâmer les parents », dit-elle d’entrée de jeu. « Les enfants ne souffrent pas tant de la séparation que de la manière dont elle est gérée ».

Dans ce livre, elle suit la même approche que celle adoptée dans ses précédentes publications. À partir de différents témoignages d’hommes et de femmes, qui étaient enfants lorsque leurs parents ont divorcé ou qui sont actuellement en processus de séparation, elle identifie des thèmes récurrents dans leurs histoires. C’est à la fin des années 2000 qu’elle a observé une augmentation alarmante de la violence psychologique, spécifiquement la manipulation des enfants dans un contexte de séparation conflictuelle. Un des parents, dans une tentative, parfois non intentionnelle, de régler ses comptes avec son ex-partenaire, va exploiter l’enfant pour le pousser à rejeter l’autre parent. « Il s’agit d’un abus émotionnel aux conséquences sérieuses pour l’enfant », précise-t-elle.

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