Avant le blocus d’Israël instauré en 2007, avec le soutien de l’Egypte, qui a isolé la bande de Gaza du monde extérieur, cette zone palestinienne a eu l’honneur d’accueillir au fil des ans de nombreuses personnalités emblématiques étrangères. Parmi elles, Gamal Abdel Nasser a certes mis plus de deux ans, après avoir pris le pouvoir au Caire, à se rendre en mars 1955 dans la bande de Gaza, qui était alors sous administration égyptienne suite à l’armistice de 1949 avec Israël.
Le territoire palestinien, connu pour son activisme militaire, n’a pas hésité à protester contre le « dictateur Nasser », avant d’accepter réticence la tutelle de l’Egypte, considéré comme un moindre mal face à la menace israélienne. Parmi les figures emblématiques de la gauche internationale qui ont visité la zone lors d’une visite en Égypte, on peut citer le Che, Malcolm X et Sartre.
Ernesto « Che » Guevara a été le premier de ces invités en juin 1959, célébré pour le succès de la révolution cubaine cinq mois plus tôt. C’est Fidel Castro qui a envoyé son camarade argentin faire une grande tournée des nations émergentes du tiers-monde. Invité par Nasser au Caire, Guevera s’est ensuite rendu à Gaza, toujours entouré d’officiels égyptiens, notamment lors de sa visite des camps de réfugiés.
Le bref séjour et l’influence durable du révolutionnaire impassible ont fait de « Guevara » un prénom encore célèbre dans la bande de Gaza et le territoire palestinien, tant pour les garçons que pour les filles, surtout dans les familles progressistes. En effet, un guérillero marxiste, tué dans une embuscade israélienne en mars 1973 après de longues recherches, était surnommé « le Che Guevara de Gaza ».
Malcolm X, le fervent défenseur des droits afro-américains, s’était rendu à Khan Younès, une zone de réfugiés située au sud de la bande de Gaza, en septembre 1964. Suite à sa récente conversion à l’islam sunnite et son pèlerinage à la Mecque, il y a rencontré des religieux palestiniens et un poète survivant d’une attaque commise par l’armée israélienne en 1956. Ce dernier, dans son journal, avait écrit qu’il n’y a pas de frontières ou d’obstacles qui peuvent les empêcher de rentrer chez eux. Après son retour au Caire, Malcolm X a fait une critique cinglante du sionisme, qu’il a qualifié de « nouvelle forme de colonialisme » et qui selon lui n’avait aucun droit sur la « Palestine arabe ». En revanche, lors de sa visite dans les camps de réfugiés de Gaza en mars 1967, Jean-Paul Sartre n’a exprimé qu’une compassion humanitaire, ce qui a déçu les Palestiniens qui espéraient une solidarité politique.