Le 6 avril, une atmosphère joyeuse régnait sous un ciel clair, alors que les résidents du quartier autogéré de Christiania à Copenhague, ont arraché les pavés de la célèbre Pusher Street. En raison de la recrudescence de la violence, ayant entraîné trois décès en moins de trois ans, les habitants de Christiania ont pris la décision de démanteler cette allée centenaire et d’expulser les trafiquants de drogue qui avaient transformé le secteur en attraction pour les touristes avec leurs stand construits en tôle et en bois.
La communauté, qui compte près de 770 adultes et 220 enfants, vivant au sein de cette enclave, s’est réunie pour marquer cet événement qualifié d' »historique ». En musique, sur les airs de « Another Brick in the Wall » des Pink Floyd diffusés depuis les haut-parleurs, les pavés de la rue étaient passés de mains en mains et empilés sous un préau. Quelques résidents ont gardé un pavé en souvenir. D’autres ont bravé pour la première fois l’interdiction de photographier dans la rue, une règle établie par les trafiquants, pour capturer cette scène historique sur leur téléphone.
Klaus Danzer, un menuisier allemand de 59 ans, vivant dans le quartier depuis trente ans a du mal à retenir ses larmes. Il est devenu le visage du mouvement « Nok er Nok » (Assez, c’est assez) il y a deux ans, après le meurtre d’un jeune de 22 ans dans Pusher Street, le 3 juillet 2021. Selon lui, cette victime, qu’il connaissait depuis son enfance, a probablement été tuée par erreur. Pour ces résidents, la décision de démanteler Pusher Street a été une décision de groupe.
Au mois d’octobre 2022, un jeune homme de 23 ans a été tué par balles près d’une allée, ayant été touché à la tête deux fois. Le 26 Août de l’année suivante, un autre événement violent se produit. Vers 19 h 30, alors que le quartier est rempli de monde, une fusillade se déclenche. Un individu relié à des groupes de gangsters trouve la mort et quatre passants, dont deux touristes étrangers, sont blessés. Le jour suivant, les résidents se rassemblent dans la salle de concert Den Grå Hal, où ont déjà joué Bob Dylan, Patti Smith, et Metallica, et décident de fermer la Pusher Street.
Cette action n’est cependant pas une première pour les habitants de Christianite qui ont plusieurs fois essayé de se séparer des trafiquants locaux. « Cette fois, c’est différent, parce que la décision ne vient pas d’en haut et que nous bénéficions du support de l’État et de la Ville », affirme Mette Prag, architecte et porte-parole du quartier. En effet, la mairesse de Copenhague, Sophie Hæstorp Andersen, et le ministre de la justice, Peter Hummelgaard Thomsen, ont même pris le petit déjeuner avec les habitants le 6 avril, avant de repartir chacun avec un souvenir de leur visite.
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