Dans de nouveaux textes de la littérature, on explore l’univers de figures contrastées mais similaires dans leur influence. Dans « Eloge d’une guerrière. Thérèse de Lisieux » écrit par Jean de Saint-Cheron (édition augmentée, Points, « Sagesses », 240 pages, 8,90€) et « Wilderness. Ecrits perdus » de Jim Morrison, traduit par Patricia Devaux (éd. Christian Bourgois, « Satellites », 320 pages, 11,50€), nous faisons face à la sainteté catholique et la culture pop, deux domaines qui ont vu leurs stars mourir jeunes.
Thérèse de Lisieux, morte à 24 ans de la tuberculose en 1897, a laissé des écrits dans lesquels elle révélait une nouvelle approche spirituelle, tandis que Jim Morrison, le cœur des Doors, est mort à 27 ans, laissant le monde avec ses pièces magistrales et des écrits poétiques percutants. Tandis que Thérèse atteint l’éternité à la basilique de Lisieux, Morrison a trouvé le repos au Père-Lachaise. Leurs admirateurs sont divers, mais globalement dévoués, provenant de partout. Ces deux ont combattu à leur manière, en dansant sur le fil du rasoir : Morrison dans son pantalon de cuir et Thérèse dans son costume de Jeanne d’Arc.
Également incontournable est « Le Goût du christianisme », une anthologie réalisée par Christian Delahaye (Mercure de France, « Le petit Mercure », 128 pages, 9 €).
Jean de Saint-Cheron, dans son ouvrage « Eloge d’une guerrière », présente Thérèse Martin comme une figure de bataille et de sang, loin des images sucrées et rituelles habituelles. L’auteur décrit le saint comme un combattant constant, toujours en lutte avec lui-même. Thérèse est illustrée à travers différentes épreuves et conflits. Sa vie est ponctuée de tragédies (comme la mort de sa mère et la folie de son père), mais aussi de révélations divines (telles que l’amour universel du Christ, l’auto-sacrifice et la miséricorde). Elle expérimente des luttes intenses (par exemple, prier pour le salut du meurtrier Pranzini) et des victoires (comme défier les règles en entrant au Carmel à 15 ans). Jean de Saint-Cheron, tout en empruntant le ton tranchant et joyeux des grands écrivains hagiographes (Delteil, Bernanos, Claudel), offre aussi une analyse rigoureuse de la vision de cette docteure de l’Eglise, décortiquant minutieusement les étapes et l’essence de la « petite voie » de l’amour selon Thérèse.
Jim Morrison ne se séparait guère de ses cahiers de notes plus qu’un fidèle de son rosaire, y enregistrant émotions, hallucinations et réflexions. Révélés à la suite du décès de sa partenaire, les écrits dévoilés dans la magnifique compilation intitulée Wilderness (« la nature dans sa forme brute ») représentent des joyaux de poésie, des fragments brillants, des véritables pulsions lyriques. Ce qui se déroule est une sorte d’orphisme politique : Morrison se sert du paysage américain, principalement l’autoroute, du spectacle de la ville infinie, pour développer une méditation chamanique et rimbaldienne sur l’homme et sa tragédie. Il ose même un bref portrait de Thérèse de Lisieux : «En elle / restait préservé / le miracle frais / de la surprise. »
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