Samedi 13 avril, la ville de Paris a été le théâtre d’une manifestation de 10 000 motards mécontents, selon les organisateurs. Ils protestaient contre l’instauration d’un contrôle technique obligatoire pour les deux-roues, scooters et quads qui devait entrer en vigueur en France le lundi 15 avril. Cette réglementation avait pour but d’augmenter la sécurité sur les routes mais a suscité la controverse parmi les motards.
Isabelle Lebret, représente de la Fédération française des motards en colère (FFMC), décrit l’action comme un racket déguisé. Elle révèle que plusieurs pays de l’Union Européenne, comme l’Irlande, les Pays-Bas et le Danemark, n’ont pas mis en place ce type de contrôle pour les motos. Les manifestants, sous la coordination de Jean-Marc Belotti de la FFMC pour Paris et l’Ile-de-France, ont appelé à un boycott total du nouveau contrôle technique.
Cette obligation du contrôle technique trouve son origine dans une directive européenne d’avril 2014. Néanmoins, son application en France a été retardée à cause de nombreux recours, alors que la majorité des pays de l’Europe a déjà adopté cette réglementation avant le 1er janvier 2022.
En France, premièrement un décret avait été proposé par le gouvernement en 2021. Cependant, le président Emmanuel Macron l’a abandonné, souhaitant éviter d’imposer des désagréments aux citoyens français. Le gouvernement a alors évoqué des alternatives tels que des campagnes de sensibilisation. Malgré tout, il a été contraint d’accepter la réglementation en octobre 2023, suite à une décision du Conseil d’Etat.
L’application des premiers contrôles a été réservée aux véhicules antérieurs à 2017.
Jusqu’à présent, plus de trois millions de véhicules de la catégorie L, tels que les scooters, les motos, les tricycles et les mini-voitures, échappaient au contrôle mis en place en 1992 pour les voitures. Désormais, ils devront se soumettre à 78 points de vérification. Le manque d’usure des freins, un guidage imprécis, des fuites, des pneus usés : 87 défauts majeurs nécessitent un recontrôle dans les deux mois avec le véhicule réparé. La vérification du bruit et du réglage du véhicule, souvent évités par les scooters, ne sera pas effective avant l’été 2025.
Les premiers véhicules à subir les contrôles sont ceux immatriculés avant le 1er janvier 2017. Tous ces véhicules de catégorie L sont également obligés de passer l’inspection lors de la revente. Cette décision a déjà encouragé de nombreux motards à vendre leur véhicule avant la date limite, stimulant le marché de l’occasion au premier trimestre 2024 (+6 % en un an), selon l’assureur Solly Azar.
Didier Renoux, le délégué général de la FFMC, insiste sur le fait que les accidents ne sont généralement pas causés par l’état du véhicule, qui est bien entretenu par les motards, mais plutôt par l’état des routes. Le groupe des « motards en colère » avait demandé au Conseil d’État de mettre en urgence fin à cette mesure, mais ils ont été rejetés mardi.
« Nous ne trouvons aucun centre de contrôle technique »
En même temps, 27 députés majoritaires, y compris le président de la commission des lois, Sacha Houlié, ont demandé au ministère des transports un « moratoire » sur ce contrôle technique, en proposant des alternatives. Il n’y a pas eu de réponse pour l’instant.
Sacha Houlié, un passionné de Yamaha, a exprimé à l’Agence France-Presse ses difficultés à trouver un centre de contrôle technique, même s’il souhaitait s’y conformer. Il a également souligné l’importance de l’entretien annuel de sa moto, une pratique habituellement suivie par tous les motards qu’il connaît.
D’autres législateurs du Rassemblement national ont également protesté contre ce contrôle, qu’ils perçoivent comme un entêtement technocratique. Malgré cela, depuis que le contrôle a été confirmé en octobre 2023, de nombreux centres de contrôle technique ont intensifié leurs efforts pour obtenir l’agrément nécessaire.
Selon la fédération du contrôle technique, bien que tous les centres ne soient pas prêts, environ la moitié d’entre eux soit 3 000 contrôleurs, sont déjà en fonction. Il est également à noter qu’en Espagne, depuis la mise en place du contrôle technique pour les deux-roues en 2006, les accidents mortels impliquant des cyclomoteurs ont considérablement diminué, mais ce n’est pas le cas pour les motards, selon les données de la fédération des contrôleurs espagnols. En 2022, 17 % des deux-roues inspectés ont dû subir un contrôle supplémentaire, la moitié d’entre eux présentant des défaillances graves, la plupart concernant l’éclairage, la pollution ou le bruit.
En France, la loi exige maintenant que tous les véhicules de catégorie L soient contrôlés tous les trois ans. Les conducteurs qui ne respectent pas cette obligation risquent une amende de 135 euros ou la mise hors service de leur véhicule.
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