La micro-crèche Beauvoisine de Rouen sera temporairement fermée pour trois mois à partir du lundi 15 avril, en réponse à plusieurs plaintes de mauvais traitements envers les enfants, soulevées par divers parents dès décembre 2023, ont annoncé les autorités de la Seine-Maritime vendredi 12 avril. Une enquête, initiée suite à plusieurs visites surprises et mises en demeure sans suite, a finalement déterminé que la sécurité des enfants n’était pas garantie dans cet établissement. La Caisse d’Allocations Familiales (CAF) du département a mobilisé ses ressources pour offrir un accueil de remplacement pour les familles affectées dès le début de la semaine. Cette micro-crèche, qui fait partie de l’entreprise Grandir et qui offre dix places, a été mise sous surveillance réglementaire. En mars dernier, une campagne de contrôle des grandes chaînes de garderies avait été initiée par le gouvernement, comme conseillé par l’Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS) l’année précédente, suite au décès d’un bébé dans une crèche privée à Lyon en 2022, visant à renforcer la supervision des crèches, tant publiques que privées.
Sarah El Haïry, la ministre responsable des familles et de l’enfance, envisage d’harmoniser les régulations pour les micro-crèches (capacité d’accueil inférieure à douze enfants) avec celles des petites crèches, comme suggérer par un rapport de l’IGAS et l’inspection générale des finances (IGF). Les micro-crèches ont constitué la moitié des nouvelles installations pour accueillir les jeunes enfants (EAJE) entre 2010 et 2020. Elles représentaient 13 % des places disponibles en 2020, selon le même rapport.
Dans leur conception originale, ces micro-crèches ont été créées pour fournir des possibilités de garde en milieu rural, disposant d’une réglementation moins stricte. Cette flexibilité législative a mené à l’emploi de personnels pas assez qualifiés et peu supervisés, d’après les conclusions de la mission IGAS-IGF.
Deux enquêtes livres publiées en 2023 – une par Bérangère Lepetit et Elsa Marnette intitulée « Babyzness.Crèches privées : l’enquête inédite » et une autre par Daphné Gastaldi et Mathieu Périsse, « Le Prix du berceau. Ce que la privatisation des crèches fait aux enfants » ont révélé comment certaines de ces structures privées opèrent, en soulignant une poursuite de profit aux dépens des enfants.
Vingt ans après le passage au privé, les crèches privées offrent 80 000 places, ce qui représente environ 20% de la capacité totale et génèrent un chiffre d’affaires entre 1,1 et 1,4 milliard d’euros, conforme à un rapport de Matignon publié en 2021.