Durant la semaine de la mode à Paris en mars, l’une des attractions les plus anticipées fut une nouvelle exposition de design. Matter and Shape, située dans le jardin des Tuileries, rivalisait avec le salon Première classe dédié aux accessoires de mode. Créé par WSN, organisateur depuis plus de trois décennies de salons de mode professionnels à Paris, cette nouvelle rencontre affichait une identité graphique soigneusement pensée et une liste de participants diversifiée.
Le visiteur avait la possibilité de découvrir des œuvres de la jeune designer italienne Natalia Criado, ainsi que des créations de grands éditeurs comme Flos ou Alessi, parcourant un mélange d’artistes confidentiels et de poids lourds du design. Cependant, le thème dominant était le métal.
Ce qui attirait l’œil, c’était les tables basses, les valets et les bougeoirs en fonte par Ronan Bouroullec (BD Barcelona), les appliques en aluminium brossé par Umberto Bellardi Ricci, le fauteuil en Inox par Lazzarini & Pickering (Marta Sala), le canapé et la bibliothèque en acier inoxydable chez NM3, et une sculpture en argent par Salvador Dalí produite par Alessi, l’expert italien des objets en métal.
Poursuivant cette thématique, le collectif The Guild of Saint Luke présentait une exposition, « Blue Steel », entièrement dévouée au métal, aussi exposée dans leur espace à Pantin (Seine-Saint-Denis). La galerie Sinople à Paris, située dans le quartier du Marais, présente jusqu’au 13 juillet une exposition solo consacrée au jeune designer Thibeau Scarcériaux, comprenant une psyché totem, de taille humaine, conçue comme un livre ouvert en acier poli miroir.
C’est un univers de métal brut, chirurgical ou précieux.
Ce n’est pas une surprise que les galeristes sont constamment à la recherche de formes et d’éléments disruptifs comme le métal. Toutefois, ce phénomène s’est largement répandu, touchant d’abord les designers autonomes.
Axel Chay, le nouvel as du design, opte pour le métal dans ses créations ludiques, tout comme Amelia Stevens le fait pour ses cendriers Art déco. Le studio Waiting for Ideas, de son côté, consacre toute une collection au métal, tandis que Harry Nuriev transforme les casseroles coupées en deux en serre-livres.
Cependant, les marques grand public telles AM.PM avec son bout de canapé Fraulino en aluminium coulé, et But avec sa table basse Pivo et sa lampe Toad, savent aussi surfer sur cette tendance, à l’instar des éditeurs italiens Rimadesio et Minotti ou scandinaves Muuto, & Tradition, Audo ou Frama.
Après des décennies où le métal était souvent caché sous des couches de laques colorées, on le met désormais à nu, que ce soit en version brossée, teintée, chromée, martelée, anodisée, gravée, polie miroir, bleuie, cirée, patinée, sablée, gravée… Du petit vide-poche à la décoration murale d’une salle à manger, toutes les typologies de décoration exploitent les différentes finitions pour obtenir un rendu brut, clinique ou raffiné.
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