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13 avril 2024 23 h 09 min

« Direct: Point sur Guerre Ukraine »

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Découvrez les différents éléments analysés et exposés par « Le Monde » concernant l’Ukraine. Quels sont les problèmes posés par l’expansion de la mobilisation? Quelle est l’état actuel de Belgorod après les bombardements? Comment Odessa gère-t-elle les engagements illégaux qui créent des tensions dans la société? Quelle est l’impact de la restriction de l’Union Européenne sur l’accès aux produits agricoles ukrainiens?

Il est à noter que les attaques russes se sont concentrées sur les infrastructures énergétiques de l’Ukraine. Une déclaration de Marie Mendras indique que supposer un soutien massif des Russes à Poutine serait une erreur. Quels sont les implications climatiques des guerres?

Nous répondons également à vos questions les plus courantes. Comment les drones sont-ils utilisés par Moscou et Kiev? La guerre des drones entre ces deux nations a atteint une échelle sans précédent ces derniers mois. Selon un rapport d’un think tank britannique spécialisé en questions de défense, l’Ukraine perd environ 10 000 drones par mois, soit plus de 300 par jour. Pour comparer, l’armée française possède juste au-dessus de 3 000 drones.

Les forces ukrainiennes et russes utilisent principalement de petits véhicules aériens sans pilote (UAV) d’origine civile, économiques et facilement disponibles. Ils ont pour but d’observer le terrain de guerre et de guider les troupes ou les coups d’artillerie. Certains sont également modifiés pour transporter de petites bombes, qui sont ensuite larguées sur les tranchées ou les véhicules blindés.

Les drones-kamikazes, bien que moins fréquents, jouent un rôle crucial dans le conflit. Equipés d’explosifs, ces UAV sont déployés au-dessus de la ligne de front sans cible prédéfinie. La Russie utilise à la fois le drone russe Lancet-3 et le Shahed-136 fabriqué en Iran. Malgré l’absence d’une marine de guerre compétente, l’Ukraine déstabilise l’ennemi avec ses engins maritimes télécommandés, des kayaks miniatures remplis d’explosifs (450 kilogrammes de TNT).

Illustrant l’importance cruciale des drones dans leurs opérations, Ukrainiens et Russes ont pris des mesures pour fournir leurs forces à long terme, non seulement en achetant des drones civils en gros sur le marché, mais également en établissant leurs capacités de production internes. Après un démarrage lent lors de la guerre de Donbass déclenchée il y a dix ans, l’industrie nationale ukrainienne a depuis pris son envol. À la fin d’août, le ministre ukrainien de la Transformation numérique a révélé qu’un clone du drone russe Lancet avait été développé et serait bientôt lancé sous le nom de Peroun, d’après le dieu slave de la foudre et du tonnerre.

En raison des sanctions occidentales qui freinent son approvisionnement en composants électroniques, la Russie a du mal à suivre. Cependant, selon les agences de renseignement américaines, Moscou aurait commencé la construction d’une usine dans la zone économique spéciale d’Alabouga pour y fabriquer des drones-kamikazes inspirés par le modèle iranien Shahed-136.

Concernant les stocks de missiles russes, il est extrêmement difficile, voire impossible, d’évaluer leur statut actuel. Les services de renseignement ukrainiens publient régulièrement des informations à ce sujet, mais leur précision est discutable.

Andri Ioussov, un représentant de la direction générale de l’intelligence militaire (GUR), a informé Liga.net que l’armée russe possédait 2 300 missiles balistiques ou de croisière avant le déclenchement du conflit, et il en restait plus de 900 en début d’année. Selon lui, ils ont également dix mille missiles anti-aériens S-300 avec une portée approximative de 120 kilomètres, ainsi qu’un vaste arsenal de S-400, une version plus moderne avec une portée triplée. Vadym Skibitsky, le second en commandement du GUR, a estimé en août que le nombre de missiles avec une portée supérieure à 500 kilomètres était de 585.

Sur le plan de la production, plusieurs experts estiment qu’ils peuvent produire une centaine de missiles balistiques ou de croisière chaque mois. En octobre, le GUR évaluait cette capacité de production à 115 unités par mois.

La Russie aurait aussi obtenu des missiles à courte portée de l’Iran et de la Corée du Nord, et continuerait de le faire. D’après Reuters, qui s’appuie sur diverses sources iraniennes, depuis janvier, moment où un accord a été passé, 400 missiles iraniens de la gamme Fateh-110 (avec une portée de 300 à 700 kilomètres) auraient été livrés à la Russie. Le nombre de missiles acquis de la Corée du Nord reste inconnu, mais 24 d’entre eux ont été lancés en Ukraine entre le 30 décembre 2023 et le 7 février 2024, selon le procureur général, Andriy Kostin. Après analyse des débris et des trajectoires, des experts estiment qu’il s’agit probablement des modèles KN-23 et KN-24, ayant une portée d’environ 400 kilomètres.

Et qu’en est-il des avions de combat F-16 ?

Répondant à une requête à long terme du président ukrainien, les États-Unis ont approuvé en août 2023 le transfert de chasseurs F-16 à l’Ukraine. Bien qu’il y ait plus de 300 F-16 potentiels répartis dans neuf pays européens, dont la Belgique, le Danemark, la Grèce, les Pays-Bas et le Portugal, tous les pays qui possèdent ces avions ne sont pas capables de les céder instantanément.
Le chiffre de 42 F-16, suggéré par Volodymyr Zelensky et promis à Kiev par les alliés occidentaux, n’a pas été validé officiellement. Le Danemark a garanti d’en fournir 19, avec une livraison des six premiers prévue pour la fin de 2023, suivie de 8 autres en 2024 et 5 en 2025, d’après les déclarations de la première ministre danoise Mette Frederiksen. Les Pays-Bas, qui ont également promis des F-16 et possèdent 42 unités, n’ont pas révélé combien ils envisagent de céder.
D’un autre côté, les pilotes ukrainiens doivent recevoir une formation spécifique pour ces chasseurs américains. Onze pays alliés de Kiev ont promis de former leurs pilotes. L’OTAN a calculé que les troupes ukrainiennes ne seraient prêtes à opérer les chasseurs en contexte de guerre qu’au début de 2024, tandis que d’autres experts prévoient l’été de la même année.
En conclusion, quel type de soutien militaire Kiev reçoit-elle de ses alliés ?

Selon le rapport récent de l’Institut Kiel publié en février 2024, le soutien occidental à Kiev s’essouffle deux ans après le début de la guerre à grande échelle. La comparaison entre la période août 2023 à janvier 2024 et la même période de l’année précédente révèle une diminution des aides nouvellement engagées. En effet, le Sénat américain lutte pour obtenir l’approbation de nouvelles aides, tandis que l’Union européenne (UE) a eu du mal à faire adopter une aide de 50 milliards d’euros le 1er février 2024, en raison de l’opposition de la Hongrie. Les deux packages d’aide ne sont pas encore inclus dans le bilan de l’Institut Kiel qui s’arrête en janvier 2024.

Le rapport de l’Institut allemand souligne également la réduction du nombre de donateurs, qui se regroupe autour d’un noyau de pays : les États-Unis, l’Allemagne et les pays du Nord et de l’Est de l’Europe. Ces nations se sont engagées depuis février 2022 à soutenir Kiev à hauteur d’au moins 276 milliards d’euros en aides militaires, financières et humanitaires.

En termes de valeur absolue, les pays les plus riches ont été les plus généreux. Les États-Unis sont les premiers donateurs avec plus de 75 milliards d’euros d’aide, dont 46,3 milliards dédiés à l’aide militaire. Les pays de l’UE, quant à eux, ont annoncé des aides bilatérales de 64,86 milliards d’euros et des aides collectives de 93,25 milliards d’euros provenant des fonds de l’UE, pour un total de 158,1 milliards d’euros.

Lorsque l’on compare ces contributions au produit intérieur brut (PIB) de chaque pays donateur, le classement se transforme. Les États-Unis reculent au rang 20 (0,32% de leur PIB), succédant à des pays limitrophes de l’Ukraine ou à d’anciens états soviétiques alliés. C’est l’Estonie qui se place en tête des aides en fonction du PIB avec 3,55%, suivie par le Danemark (2,41%) et la Norvège (1,72%). Les places restantes du top 5 sont occupées par la Lituanie (1,54%) et la Lettonie (1,15%). Les trois États baltes, tous partageant des frontières avec la Russie ou son alliée la Biélorussie, sont parmi les donateurs les plus généreux depuis le début du conflit.

Dans le classement du pourcentage du PIB, la France se situe à la vingt-septième place, avec 0,07% de son PIB, juste derrière la Grèce (0,09%). L’aide apportée par Paris est en diminution continue depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie – la France était vingt-quatrième en avril 2023, et treizième à l’été 2022.

Qu’en est-il des tensions à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne ?

Il y a une tension croissante entre la Pologne et l’Ukraine depuis plusieurs mois, principalement autour du transit des céréales ukrainiennes. Au printemps 2022, des « voies de solidarité » ont été instaurées par la Commission européenne pour faciliter l’exportation et la vente des produits agricoles ukrainiens sans taxes à l’Afrique et au Moyen-Orient. Toutefois, depuis le début du conflit, environ la moitié des céréales ukrainiennes passent par ou finissent leur voyage dans l’Union européenne (UE), dit la Fondation Farm, un groupe de réflexion sur les questions agricoles mondiales. Ces céréales ont un prix nettement inférieur à celui du blé produit en UE, surtout dans les pays d’Europe centrale.

Pour protéger leur marché local et les revenus de leurs agriculteurs menacés par ces céréales à bas prix, la Pologne, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie ont unilatéralement cessé leurs importations en avril 2023. Bruxelles avait donné son accord pour cet embargo à condition qu’il n’ entrave pas le transit vers d’autres pays et qu’il ne dure que quatre mois. Toutefois, suite à son expiration, la Pologne a choisi de maintenir sa frontière fermée aux céréales ukrainiennes à la fin de l’été. Cela, malgré le désaccord de Bruxelles qui insistait que l’embargo n’était plus nécessaire car leurs analyses démontraient que le marché national des céréales n’était plus perturbé.

Les agriculteurs de Pologne ont organisé un blocus à la frontière avec l’Ukraine pour interdire l’entrée des camions ukrainiens sur leur sol national. Ils exigent un « embargo total » sur les marchandises agricoles et alimentaires en provenance d’Ukraine. Ils se plaignent principalement de l’augmentation drastique de leurs frais de production alors que les entrepôts et les silos sont pleins à craquer et que les prix sont tombés au plus bas. Au début de l’année 2024, le président ukrainien considérait que le blocus de la frontière polonaise était un signe de « dégradation de la solidarité » envers son pays. Il a donc demandé à entamer des discussions avec la Pologne. Il a également déclaré que seule Moscou tirait profit de ces tensions et a condamné « l’émergence de slogans clairement en faveur de Poutine ». »