Malgré les mandats d’arrêts internationaux émis contre lui, les demandes de sa propre communauté religieuse, l’ordre des oblats de Marie-Immaculée, l’encourageant à se présenter devant la justice pour répondre sincèrement aux accusations d’agressions sexuelles portées contre lui, et malgré la lutte inlassable des familles des victimes supposées, des Inuits du Nunavut, une région canadienne où le prêtre a servi pendant plus de trente ans, le père Joannes Rivoire n’a jamais été convaincu de se présenter et de se défendre devant la justice canadienne. Il est décédé à Lyon le jeudi 11 avril, trente ans après avoir quitté le Canada, trente ans après les premières accusations portées contre lui.
« Nous réalisons que cette nouvelle sera un véritable choc pour beaucoup de gens, surtout pour les survivants et leurs familles qui ont combattu pour qu’il soit amené devant la justice au Canada », a affirmé le représentant de la congrégation des oblats de Marie-Immaculée du Canada, Ken Thorson.
Joannes Rivoire a toujours maintenu sa position d’innocence lorsqu’il a consenti à s’exprimer, ce qui est très rare. Le 9 décembre 2021, lors d’une conversation organisée à l’Ehpad de Lyon où il passait sa retraite, il a déclaré au Monde: « Je ne suis pas impliqué ». Quand on lui a demandé s’il était en paix avec lui-même, l’ancien prêtre a déclaré : « Qui n’a pas de regrets ? Nous sommes tous pécheurs. Ma vie approche de son terme et je me prépare à traverser de l’autre côté. J’espère être en paix avec Dieu et j’espère qu’il me permettra d’entrer au paradis. » Quelques mois plus tard, le 14 septembre 2022, il a à nouveau nié les allégations portées contre lui devant une délégation d’Inuits qu’il avait consenti à recevoir au quartier général des Oblats de Marie-Immaculée, localisé sur la colline de Fourvière, le cœur du catholicisme à Lyon. Il a une fois de plus refusé de retourner au Canada pour s’expliquer devant la police.
Retour hâtif en France.
Le père Joannes Rivoire, natif de Lyon, était âgé de seulement 30 ans lorsqu’il a posé pied à terre à Chesterfield Inlet en 1960. Cette petite localité est implantée sur la côte ouest de la baie d’Hudson, au sein de l’immense étendue glacée du Grand Nord canadien. Logée profondément dans l’arctique, cette région est ensevelie sous la neige pour neuf mois par an et abrite une population qui se nourrit principalement de la chasse à la baleine, au phoque et au caribou. En partageant la vie de ces habitants, le jeune prêtre a réussi à apprendre l’inuktitut, une langue inuite, et à enseigner le catéchisme et le français. Il a également célébré des offices religieux et des funérailles pour des fidèles dispersés dans des villages éloignés les uns des autres de plusieurs centaines de kilomètres, à Naujaat, renommé Repulse Bay par les colons, Arviat et Igloulik.
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