À Ho Chi Minh City, l’audience judiciaire historique a conclu avec une sentence mémorable. Depuis le début du mois de mars, au-delà de 80 individus ont été évalués pour une pléiade de crimes financiers. Truong My Lan, femme d’affaires très riche de 67 ans qui opérait au centre d’un réseau de fraude en masse, a été sanctionnée par la peine capitale le 11 avril pour « détournement de fonds », « corruption » et « violation des lois et réglementations bancaires ». Originaire de Saïgon et de descendance chinoise, cette femme dirigeait Van Thinh Phat, une entreprise privée d’immobilier, impliquée dans les projets les plus recherchés d’hôtels et de tours de bureau dans la métropole du sud, connue pour être plus libérale mais sous l’œil vigilant de la capitale, Hanoï, berceau du pouvoir communiste.
Mme Truong a fait appel de sa décision de condamnation. On lui reproche d’avoir financé les opérations de détournement de fonds à partir de la caisse de la Saïgon Commercial Bank (SCB), une banque privée qu’elle dirigeait secrètement et qui accordait des prêts à des sociétés fictives en violation de ses lois et réglementations de gestion. Son arrestation en octobre 2022 a provoqué une crise financière, forçant la SCB à être placée sous l’administration de la Banque centrale.
La fraude est énorme, avec les malversations financières s’élevant à l’équivalent de 11,6 milliards d’euros, soit près de 3% du PIB du pays. Les juges ont ordonné à Truong My Lan de rembourser 25 milliards d’euros. Tous ses biens seront soumis à des procédures de liquidation. Elle est également attendue à comparaître dans un autre procès initié pour le compte des 42 000 épargnants qui ont investi dans des produits financiers trompeurs proposés par la SCB.
Eric Chu Nap Kee, un tycoon de Hong Kong et le mari de l’accusée, a été condamné à neuf ans de prison. Une examinatrice de la Banque centrale du Vietnam a également été condamnée à la réclusion à perpétuité pour avoir illégalement accumulé environ 4,8 millions d’euros en pots-de-vin. Les géants de l’audit ont été critiqués par le tribunal pour leur échec à détecter le système frauduleux qui soutenait l’empire immobilier Van Thinh Phat.
Au cours du procès, Truong My Lan a déclaré qu’en 2011, la banque nationale l’avait invitée à contribuer à la fusion de trois banques locales en difficulté, en garantie avec son hôtel cinq étoiles, le Windsor Plaza. Une fois que la nouvelle Saigon Commercial Bank a été créée en 2012, elle possédait légalement 5% des actifs, la limite maximale autorisée pour un investisseur privé. Cependant, une enquête a révélé un réseau complexe de sociétés écrans et de prête-noms qui lui ont permis de contrôler indirectement 91,5% et de forcer une direction favorisant ses intérêts à approuver près de 2 500 prêts frauduleux à des entreprises sous son contrôle. Il sera nécessaire de consulter la suite de cet article pour obtenir plus d’informations.
Laisser un commentaire