Elle n’aurait jamais pu concevoir que son nouvel endroit serait si perdu. Depuis deux heures, elle navigue dans une voiture de location dont le coût est disproportionné pour ce genre de trajet obligatoire, sous une pluie battante qui ressemble à du foin tombant, sur des routes si étroites que chaque tournant l’oblige à faire retentir les avertissements fatigués de son klaxon qui se dissipent dans les ravins escarpés, pour signifier qu’elle est présente et ne veut pas trépasser. Elle a réussi à se donner la nausée, comme une grande fille. Pourtant, elle sait conduire ; c’est l’une des rares choses associées à la liberté qu’il lui a apprises.
Elle doit s’arrêter pour rendre dans un buisson. Après avoir évacué, elle se remet dans la voiture et voit son reflet dans le miroir de la voiture : elle ressemble à une loque essorée. Elle était déjà anxieuse à l’idée de revoir son visage de surveillant de prison tout raide, son visage rasé sur les côtés tous les quinze jours qu’elle a dû supporter pendant vingt-deux ans lors du petit déjeuner, du déjeuner et du dîner.
Cependant, elle doit y aller, il doit se sentir tellement isolé. La semaine précédente, la culpabilité de le laisser sans nouvelles l’avait réveillée dans un sursaut en plein milieu de la nuit. Son grand frère avait quitté sans jamais revenir cinq ans plus tôt, lui, rappelle brièvement tous les deux mois et dort sûrement paisiblement. Elle, la culpabilité coule dans ses veines. Il lui a fallu creuser profondément en elle-même pour trouver la force de quitter le foyer de son père.
Les outils de rêve de l’aventurier.
Elle a finalement décidé de rendre visite à son père après six mois de vie séparée. Son cœur se déchire chaque fois qu’elle pense à lui, âgé de 50 ans, vivant isolé et sans argent, forcé de travailler comme gardien de la propriété dans le sud. Chaque jour, il doit observer de loin la construction de la vie luxueuse des riches, tandis qu’il se noie dans la solitude de son mobil-home. Encore une fois, il a dû se cacher dans un trou pour vivre la vie la plus petite possible.
Elle a localisé l’adresse, le portail blanc mentionné dans son dernier texto. En arrivant, elle a remarqué que le portail était ouvert grâce à une pierre coincée entre les deux battants. La superficie de la villa en construction ainsi que le terrain est vaste. La vue de la structure encore en devenir, des murs de béton et des cavités ouvertes, évoque déjà une future richesse discrète avec ses toits bas et ses grandes baies vitrées, un endroit conçu pour profiter de l’été, de la mer, du soleil et des ressources naturelles, humaines et matérielles disponibles. Juste à côté du site de construction se trouve la petite « maison » du gardien. La vue de cet endroit a provoqué des larmes immédiates dans ses yeux.
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