Ma naissance a eu lieu dans un environnement rempli de marmites qui mijotaient. Les senteurs matinales de sauce tomate, d’ail, d’herbes parfumées et de ragoût cuisinant doucement ont enveloppé mon enfance. Mon petit déjeuner typique incluait une tartine arrosée d’huile d’olive et saupoudrée de sel. Ma mère passait son temps à préparer des plats délicieux et malgré ses 91 ans, elle continue de cuisiner régulièrement. Elle vit toujours dans l’appartement où j’ai grandi, situé à Rome. J’ai acheté un appartement au sixième étage du même immeuble pour être près d’elle et du parc Villa Pamphili que j’adore.
Chez nous, la cuisine a toujours été le coeur de la maison, comme c’est le cas dans la plupart des familles italiennes. Tous les dimanches, on préparait les pâtes fraîches – lasagnes, raviolis, tortellinis… J’aidais tant bien que mal ma mère dans ses tâches culinaires, amusée par sa dextérité impressionnante. Ses antipasti, des plats de pâtes du jour, les viandes rôties, les légumes… Partagés en famille ou entre amis, ces repas nous réunissaient souvent jusqu’à 18 heures, avant de recommencer au dîner.
Parmi nos plats familiaux fréquemment préparés par ma mère, on compte la parmigiana d’aubergines, les supplì (croquettes de riz à la tomate et mozzarella) et les saltimboccas, un plat typiquement romain que nous dégustions au minimum une fois par semaine. Ce plat porte bien son nom car « saltimbocca » signifie « qui saute dans la bouche ». Il s’agit juste d’une fine tranche de veau, un peu de jambon, une feuille de sauge pour parfumer le tout, c’est tout simplement délectable. Ce plat quotidien est indissociable de mon enfance et je le prépare partout où je vais, en souvenir de ces moments. C’est une belle évocation de la transmission à travers la cuisine.
Dès l’obtention de mon diplôme, j’avais prévu de poursuivre des études de droit et en même temps, je travaillais comme mannequin à Paris pour subvenir à mes besoins. C’est alors que j’ai rencontré Paul Belmondo, que j’ai été présentée par une colocataire qui sortait avec Anthony Delon. Immédiatement, j’ai eu le coup de foudre pour lui ; j’avais 19 ans et lui 26. Six mois plus tard, nous nous sommes mariés et j’ai décidé d’arrêter mes études pour m’installer à Paris.
Un an plus tard, Alessandro, notre premier fils, est né. Tout comme ma mère, j’ai commencé à cuisiner dès que possible. Quinze ans plus tard, ma carrière a pris un tournant lorsque j’ai commencé à travailler à la télévision, à réaliser des recettes sur Cuisine TV, et à devenir une des cheffes habituelles (avec Julie Andrieu et Babette de Rozières) de l’émission « C’est à vous » sur France 5, en 2011. C’était une expérience enrichissante, où la cuisine était au cœur de l’émission. J’ai passé six années dans « C’est à vous », avant de me consacrer à d’autres projets télévisés et à l’écriture de livres sur la cuisine.
Ma passion pour la cuisine est donc devenue mon métier. Mon dernier livre est inspiré d’un voyage – qui a également été l’objet d’un film documentaire – que j’ai entrepris avec Alessandro, mon fils, qui est lui-même chef dans un bistrot à Paris. Nous avons parcouru la Sicile, la Toscane, Rome, Venise… Mon but était de lui faire découvrir l’authentique Italie, la culture des produits, les traditions, nos origines. C’est une histoire de transmission d’expériences de cuisine et de culture entre deux générations, dans deux pays, au sein d’une famille. Ce livre est intitulé « La Nostra Italia. Itinéraire gourmand dans l’Italie des Belmondo, de Luana et Alessandro Belmondo » et est publié par Solar × Le Cherche Midi. Le documentaire « Belmondo. L’Italie en héritage », est sorti sur Canal+ le 13 avril.
Laisser un commentaire