Découvrez nos nombreux articles, reportages et analyses sur le conflit en Ukraine. Vous y trouverez des expliquations sur les défis liés à la mobilisation accrue en Ukraine. Cela aborde également la situation à Belgorod, frappée par des frappes aériennes et ignorée par Moscou. À Odessa, les recrutements illégaux sont à l’origine de tensions sociales. En outre, l’Union Européenne a restreint l’importation de produits agricoles ukrainiens.
En simultané, la Russie lance de multiples attaques sur le réseau énergétique ukrainien. Marie Mendras discute de l’éventuelle erreur de croire en une large adhésion russe en faveur de Poutine. Les effets environnementaux des conflits sont également abordés.
Nos réponses aux questions fréquemment posées sont également disponibles. Par exemple, comment les détails sur l’utilisation des drones par Moscou et Kiev sont expliqués. Durant ces derniers mois, la bataille des drones entre la Russie et l’Ukraine a atteint des niveaux sans précédent. Selon un rapport d’un groupe de réflexion britannique spécialisé en défense, l’Ukraine perd environ 10 000 drones chaque mois sur le front, soit plus de 300 par jour. Pour comparaison, l’armée française compte un peu plus de 3 000 drones dans son arsenal.
Ukrainiens et russes utilisent principalement des petits drones civils à bas prix et largement disponibles. Ces appareils sont utilisés pour l’observation du champ de bataille et pour orienter les troupes ou les tirs d’artillerie. Certains de ces drones sont également modifiés pour transporter de petites charges explosives qui sont larguées sur des tranchées ou des véhicules blindés.
Les drones-kamikazes, bien que moins nombreux, jouent un rôle crucial. Ils sont équipés d’explosifs et lancés au-dessus de la ligne de front sans une cible précise. Les drones russes Lancet-3 et les Shahed-136 de fabrication iranienne sont utilisés par Moscou. L’Ukraine, n’ayant pas de véritable flotte militaire, utilise des véhicules maritimes sans équipage, des kayaks miniatures pilotés à distance et chargés d’explosifs (450 kilos de TNT).
L’importance des drones dans leurs opérations a conduit les Ukrainiens et les Russes à organiser la fourniture continue de ces appareils à leurs troupes, en achetant en grande quantité des drones civils sur le marché et en développant leurs propres capacités de production. L’industrie nationale ukrainienne, qui était encore naissante au début de la guerre du Donbass il y a dix ans, a depuis gagné en force. À la fin du mois d’août, le ministre ukrainien de la transformation numérique a annoncé qu’un modèle basé sur le drone russe Lancet avait été développé et serait bientôt lancé sous le nom de Peroun, le dieu slave de la foudre et du tonnerre.
Du côté russe, les sanctions occidentales ont affecté l’approvisionnement en composants électroniques, rendant la situation plus difficile. Cependant, d’après les services de renseignement américains, Moscou aurait commencé à construire une usine dans la zone économique spéciale d’Alabouga pour fabriquer des drones-kamikazes basés sur le modèle iranien Shahed-136.
En ce qui concerne le stock de missiles russes, il est extrêmement difficile, sinon impossible, d’en déterminer l’état actuel. Les services de renseignement ukrainiens donnent régulièrement des informations à ce sujet, mais leurs estimations restent douteuses.
La déclaration de Andri Ioussov, un membre influent du service d’intelligence du ministère de la défense (GUR) relayée par Liga.net, énonce que l’arsenal russe était doté de 2 300 missiles, ballistiques ou de croisière, avant les hostilités et garde toujours en sa possession plus de 900 de ces armes en début d’année. Selon Ioussov, l’arsenal est également complété par dix mille S-300, des missiles anti-aériens à portée de 120 kilomètres, ainsi que d’une grande quantité de S-400, un modèle plus moderne triplant la portée. En août, Vadym Skibitsky, de le GUR, donnait une estimation de 585 missiles au-delà de 500 kilomètres.
Quant à leurs capacités de production, divers experts affirment qu’elles s’élèvent maintenant à une centaine de missiles ballistiques ou de croisière mensuellement. En octobre, le GUR avançait une estimation de 115 unités en production.
D’autre part, la Russie aurait acquis des missiles à courte portée de l’Iran et la Corée du Nord et continuerait à se les procurer. L’agence Reuters, faisant référence à plusieurs sources iraniennes, rapporte que 400 missiles iraniens de la gamme Fateh-110 (300 à 700 kilomètres) auraient été fournis depuis janvier, suite à un accord signé. On ne sait pas combien de missiles nord-coréens ont été acquis par la Russie, mais 24 ont été lancé en Ukraine entre le 30 décembre 2023 et le 7 février 2024, d’après le procureur général, Andriy Kostin. Les experts qui ont analysé les débris et trajectoires pensent qu’il s’agit probablement de KN-23 et KN-24 avec une portée approximative de 400 kilomètres.
Et les avions de combat F-16, où se situent-ils en tout cela ?
En réponse à une requête de longue date du chef de l’État ukrainien, les États-Unis ont consenti en août 2023 à transférer des F-16 à l’Ukraine. Bien qu’il y ait plus de 300 F-16 dispersés dans neuf pays européens, dont la Belgique, le Danemark, la Grèce, les Pays-Bas, le Portugal, pour n’en nommer que quelques-uns, tous les pays possédant ces avions ne sont pas en mesure de les céder immédiatement.
Volodymyr Zelensky a parlé de 42 F-16 promis à Kiev par les alliés de l’Occident, mais cette information n’a pas été validée. Le Danemark a promis d’en donner 19. Les six premiers ne seront pas disponible avant la fin de l’année 2023, huit autres seront suivis en 2024 et cinq autres en 2025, selon la première ministre danoise, Mette Frederiksen. Les Pays-Bas, qui ont également promis d’en céder, ont 42 unités en leur possession, mais ils n’ont pas spécifié combien ils comptent en transférer.
De plus, les pilotes ukrainiens doivent être formés à l’utilisation de ces avions de combat américains. Onze pays partenaires de Kiev s’engagent à former les pilotes. Selon l’OTAN, les forces armées ukrainiennes ne seront capables d’utiliser ces avions en situation de combat qu’au début de 2024, tandis que certains experts pensent que cela ne sera pas possible avant l’été de cette même année.
Quel type de soutien militaire les alliés offrent-ils à Kiev?
Deux ans après l’escalade du conflit, le soutien occidental à Kiev semble fléchir, selon un rapport de l’Institut Kiel publié en février 2024. Il indique une diminution notable des aides déployées entre août 2023 et janvier 2024, comparativement à la même fenêtre de temps l’année précédente. Ce recul tend à se maintenir, face à la difficulté du Sénat américain à approuver de nouveaux soutiens, ainsi qu’à l’obstacle rencontré par l’Union Européenne (UE) pour valider une aide de 50 milliards le 1er février 2024, en raison de l’opposition hongroise. Importamment, le bilan de l’Institut Kiel ne tient pas compte de ces deux dernières allocations.
Les statistiques de l’institut allemand révèlent que le groupe de donateurs se restreint et gravite principalement autour des États-Unis, de l’Allemagne et des pays nordiques et est-européens. Ceux-ci offrent à la fois une importante aide financière et des armements de pointe. Au total, depuis février 2022, l’aide promise par les pays en soutien à Kiev, qu’elle soit militaire, financière ou humanitaire, atteint un minimum de 276 milliards d’euros.
En termes d’aide, ce sont les nations les plus prospères qui se sont montrées les plus généreuses. Les États-Unis sont sans conteste les principaux donateurs, avec une aide annoncée de plus de 75 milliards d’euros, dont 46,3 milliards consacrés à l’assistance militaire. Les pays de l’UE ont promis des aides bilatérales (64,86 milliards d’euros) et des aides mutualisées à partir des fonds de l’UE (93,25 milliards d’euros), pour un total de 158,1 milliards d’euros.
Dans l’ordre des donateurs basé sur la part du produit intérieur brut (PIB) de chaque pays, les Etats-Unis se placent à la vingtième position, ne contribuant qu’à hauteur de 0,32% de leur PIB. Ceci les place bien derrière certains pays limitrophes de l’Ukraine et d’anciennes nations soviétiques. Selon cette métrique, l’Estonie arrive en tête avec 3,55% de son PIB, suivie par le Danemark (2,41%) et la Norvège (1,72%). Auparavant, le reste des cinq premiers était constitué de la Lituanie (1,54%) et de la Lettonie (1,15%). Ces trois pays baltes, qui partagent tous des frontières avec la Russie ou son alliée la Biélorussie, se classent parmi les plus généreux donateurs depuis le début du conflit.
En termes de pourcentage du PIB, la France occupe le vingt-septième rang, n’ayant engagé que 0,07% de son PIB, légèrement derrière la Grèce (0,09%). La contribution de la France a régulièrement diminué depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie ; elle se trouvait au vingt-quatrième rang en avril 2023 et au treizième en été 2022.
Quant aux tensions à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne, que sait-on exactement ?
Durant des mois, l’Ukraine et la Pologne entretiennent des relations tendues à cause des problèmes de transit de céréales ukrainiennes. La Commission européenne avait établi des « couloirs de solidarité » en 2022 pour soutenir l’exportation et la vente des produits agricoles ukrainiens vers l’Afrique et le Moyen Orient, exonérés de taxes douanières. Cependant, la Fondation Farm affirme que près de la moitié des céréales ukrainiennes transitaient ou aboutissaient leur trajet au sein de l’Union européenne (UE). Ces céréales sont vendues à un prix bien inférieur à celui du blé produit au sein de l’UE, notamment en Europe centrale.
En citant l’impact déstabilisant de ces céréales sur leur marché local et par conséquent sur les revenus de leurs agriculteurs, la Pologne, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie avaient décidé d’arrêter leurs importations en avril 2023. Suite à cette décision, Bruxelles avait dû accepter un embargo à condition qu’il ne bloque pas le transit vers d’autres pays et qu’il ne s’étende pas au-delà de quatre mois. Malgré cela, Varsovie a refusé de lever sa frontière aux céréales ukrainiennes à la fin de l’été. Selon Bruxelles, cet embargo n’avait plus sa raison d’être car leurs études montraient qu’il n’existait plus de distorsion de marché pour les céréales.
Depuis la frontière, des agriculteurs polonais ont procédé à des blocus empêchant l’entrée des camions ukrainiens sur le sol polonais. Ils manifestent pour un « embargo total » sur les marchandises ukrainiennes, à la fois agricoles et alimentaires, suite à l’augmentation de leurs coûts de production et de la surpopulation de leurs silos et entrepôts, pendant que les prix chutent. En 2024, le président ukrainien a déclaré que le blocus de la frontière polonaise représentait une « érosion de solidarité » envers son pays et a sollicité des discussions avec la Pologne. Il a également mentionné que « seule Moscou se félicite » de ces différends, critiquant « l’émergence de slogans ouvertement favorables à Poutine ».
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