Sergio Carrera, un chercheur spécialisé dans la politique migratoire et les droits de l’homme au Centre for European Policy Studies (CEPS), basé à Bruxelles, a fait une analyse de l’évolution du discours public en Europe concernant les politiques d’immigration, qui sont de plus en plus influencées par les partis d’extrême droite.
Est-ce que l’immigration est un sujet de discours dans la campagne électorale européenne en cours ?
Le pacte sur l’asile et la migration est, depuis longtemps, proposé comme solution pour résoudre le problème de l’immigration clandestine en Europe, afin de contrer les partis d’extrême droite qui ont fait de ce sujet leur cheval de bataille. Cependant, en exagérant ces questions, les gouvernements et les États ont progressivement adopté les idées de l’extrême droite et suivent son programme, en décrivant les migrants et les réfugiés comme des ennemis à combattre. Aujourd’hui, les grands partis traditionnels de droite, de centre et même, dans certains pays, de gauche, notamment dans le nord de l’Europe, ont été séduits par la rhétorique d’extrême droite.
L’arrivée de centaines de milliers de personnes sur les côtes européennes de manière irrégulière suscite des interrogations chez de nombreux électeurs…
Selon Frontex, l’organisme de l’Union européenne, en 2023, environ 380 000 individus sont arrivés par des voies illégales. Ceci constitue moins de 1% de toutes les traversées des frontières externes de l’UE en 2021, un chiffre plutôt modeste pour un continent de 450 millions de résidents. De plus, il est possible que ces individus aient droit au statut de réfugié ou à une protection temporaire. Les affirmations de l’extrême droite d’une prétendue invasion sont donc infondées. Il est important de rappeler que la majorité des réfugiés globalement ne migrent pas vers l’Europe, mais restent dans leur pays d’origine ou se déplacent vers des pays proches. Dans cet enjeu, il faut faire preuve de rationalité. En effet, l’Europe a réussi à accueillir 4,5 millions de réfugiés ukrainiens sur une période de deux ans.
Toutefois, dans certains pays, ces arrivées ont provoqué une tension sur le secteur du logement, comme en Irlande et aux Pays-Bas, et commencent à se faire ressentir dans les pays d’Europe centrale. Il y a une tendance à accepter les Ukrainiens, mais pas les réfugiés africains, indiquant une possible institutionnalisation du racisme enraciné dans nos sociétés. D’après l’ECFR, l’opinion publique ne se focalise pas particulièrement sur l’immigration pendant cette campagne. Partagez-vous cette opinion ? La lecture de cet article est réservée à nos abonnés et il reste 49,05% de celui-ci à lire.