L’expression « tango noir », utilisée par Anton Shekhovtsov, un politologue ukrainien et professeur à l’Université de Vienne, décrit la danse incessante du Kremlin avec l’extrême droite européenne dans le but de saper les Vingt-Sept. Ceci est l’objet de son ouvrage « Russia and the Western Far Right. Tango Noir, La Russie et l’extrême droite occidentale » (Routledge, 2017, non traduit). Selon Kacper Rekawek et Barbara Molas, deux chercheurs de l’Institut International pour la Lutte contre le Terrorisme (ICCT), basé à La Haye, cette alliance a été revitalisée dans le contexte des diverses crises financières, migratoires et sanitaires que l’Union Européenne a traversé. Cela vise spécifiquement à saper la démocratie et ses institutions.
Le 10 avril, l’ICCT a publié un rapport détaillé à Bruxelles, explorant la situation de dix pays membres de l’UE qui ont été ou sont actuellement sujets à des efforts de déstabilisation orchestrés par Moscou. Les chercheurs espèrent éveiller l’attention avant les élections européennes à venir et souligner les multiples facettes de cette menace, notamment le soutien à l’extrême droite et les « Remve », une abréviation anglaise pour désigner les « extrémistes violents motivés par des questions raciales ou ethniques ». Le Kremlin a également accordé des prêts à RN.
Des groupes identitaires, ultra-nationalistes, complotistes et même terroristes se mêlent maintenant à des partis plus traditionnels tels que le Parti de la liberté d’Autriche, l’Alternative pour l’Allemagne ou la Ligue italienne. Ces groupes sont souvent stimulés, guidés ou même financés par la Russie, selon les auteurs. Leur analyse s’étend à la situation dans divers pays, dont la France, l’Autriche, l’Allemagne, l’Italie, l’Hongrie, la Serbie, la République tchèque, la Slovaquie, la Suède et la Pologne.
Le passage traitant de la France évoque les deux emprunts russes accordés au Front national (maintenant le Rassemblement national) en 2014, le plaidoyer de l’association Dialogue franco-russe, co-présidée par le député européen Thierry Mariani, et l’alignement de l’extrême droite et du Kremlin sur des questions telles que la mondialisation, le libéralisme et l’immigration. Il mentionne également l’alignement de Reconquête! avec l’idéologie de la révolution conservatrice chère au Kremlin. Un détail intéressant est également rappelé : Moscou a soutenu Joël Sambuis, un militant de l’internet et un propagandiste de la politique russe, qui est toujours recherché par la justice française pour avoir inspiré la tentative d’assassinat de Jacques Chirac par Maxime Brunerie en 2002. Sambuis a obtenu l’asile politique à Moscou en 2004.
Seuls 32% de cet article sont visibles. Le reste est réservé aux abonnés.
Laisser un commentaire