Lors d’un débat au sein de la commission d’enquête sénatoriale concernant l’effet du trafic de drogues le mercredi 10 avril, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a clairement exprimé ses vues. Selon lui, le pays est gravement menacé par les stupéfiants. Se référant à cette menace comme étant collective, il a insisté sur le besoin urgent de lutter ouvertement contre elle. Jérôme Durain, le président combattant de la commission n’a pas contesté l’idée centrale mais a plutôt questionné la méthode déployée, à savoir les opérations « Place nette XXL ».
Des doutes persistent sur l’efficacité de telles opérations, considérées par certains, y compris des policiers, comme de simples démonstrations de pouvoir. Jérôme Durain, sénateur de Saône-et-Loire, a ouvertement questionné l’impact réel de ces opérations en terme de perturbation des réseaux de trafic.
M. Darmanin, en réponse, a évoqué des accomplissements significatifs tels que la saisie de 3,6 tonnes de cannabis, la confiscation de 13 millions d’euros et la récupération de près de 1 000 armes. Il a également affirmé qu’il y avait eu 7 177 arrestations pour 365 défèrements, ce que M. Durain a traité avec ironie en commentant : « Ça fait 5 % ».
En assumant pleinement l’aspect communicationnel de sa stratégie, le ministre espère perturber le « haut du spectre », c’est-à-dire les réseaux criminels structurés dirigés par des chefs souvent en exil à l’étranger, en particulier dans les pays du Golfe, en ciblant le deal de rue. Les services spécialisés contestent toutefois fortement le lien entre les opérations de grande envergure menées dans l’espace public et la neutralisation des trafiquants internationaux, insistant sur le besoin d’enquêtes à long terme.
M. Darmanin a avoué que son objectif principal n’est pas de mettre fin au trafic, mais d' »empêcher les groupes criminels de devenir trop puissants sur le plan financier ». Dans cette optique, il a déclaré que « tout le monde doit s’impliquer dans la lutte contre la drogue », y compris les juges spécialisés dans les questions financières, les services fiscaux et les organismes sociaux tels que l’Urssaf. Cependant, le ministre a admis que cette approche intégrée présente encore des défauts. « Il devrait avoir une dimension interministérielle beaucoup plus grande », a résumé M. Durain, en appelant à l’établissement d’un « leader à désigner (…) du côté du système judiciaire comme du côté des forces de l’ordre ».
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