En décembre 2023, une décision a été prise par les chefs de file européens pour entamer des pourparlers d’adhésion avec l’Ukraine, la Moldavie et la Géorgie pour rejoindre l’Union européenne (UE), en suivant les traces des pays balkaniques non membres jusqu’à présent – l’Albanie, la Bosnie-Herzégovine, le Kosovo, la Macédoine du Nord, le Monténégro, et la Serbie.
Il est correct de donner une perspective aux pays qui sont brutalement attaqués ou menacés, et il est à notre avantage de propager les bénéfices de nos valeurs et de la stabilité vers notre voisinage. Néanmoins, de simples promesses généreuses ne seront pas suffisantes. Comment pouvons-nous prévenir la dissolution de l’UE dans un méli-mélo vaste, hétérogène et ingouvernable ? Des promesses ont été faites sans l’adoption d’un plan global ou d’un programme.
La France et l’Allemagne ne disposent pas de la même vision, mais ces deux pays ont une responsabilité unique au vu de l’histoire et, plus trivialement, en raison du potentiel destructeur de leurs conflits. À condition que leurs différends soient résolus, leurs divergences les rendent complémentaires. Que ce soit le déploiement de troupes sur le terrain en Ukraine si nécessaire ou pas de guerre au hasard, nous avons besoin des deux stratégies. Le couple franco-allemand représente les « checks and balances » (système d’équilibrage des pouvoirs aux États-Unis) de l’Europe.
Il est nécessaire de réévaluer le fonctionnement et l’étendue de l’Union européenne (UE). L’idée de prolonger une entité qui a été initialement mise en place pour six États dans les années 50 est erronée. De plus, il n’est pas logique de s’appuyer sur des institutions d’origine mal comprises pour se défendre contre des forces hostiles. Ainsi, il serait judicieux d’arrêter de comparer constamment l’UE aux États les plus forts du monde et d’aspirer à leur puissance et leur agilité. Il est évident que l’UE n’a pas les outils nécessaires pour répondre à ce qui lui est demandé.
Il est clair que le vrai besoin, que les gouvernements hésitent à envisager, réside dans une Europe fédérale. Face à l’influence croissante de la Russie et à la possibilité d’un isolement américain, il est grand temps d’arrêter de se leurrer : il ne peut y avoir de pouvoir politique sans des fonds solides (comme on aime à se leurrer en France) ; et il ne peut y avoir de force économique sans la responsabilité de la sécurité, contrairement à ce que les Allemands ont longtemps espéré.
Il est également crucial de démocratiser davantage les processus de prise de décision : une Europe démocratique ne peut exister sans l’approbation des citoyens, sans responsabilité, ni sentiment d’appartenance à une entité qui justifie le partage de souveraineté.
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