En raison de leur nature souvent référendaire, les élections générales en Corée du Sud reflètent habituellement le soutien ou le mécontentement envers le président en exercice. Cependant, le scrutin du 10 avril a été davantage perçu comme une critique de la gestion du président Yoon Suk Yeol que comme un choix entre les politiques des différents partis. Ancien procureur général manquant d’expérience politique, Yoon avait remporté les élections de mars 2022 avec une majorité mince. À présent, il se retrouve dans l’incapacité d’agir, risquant d’être, comme le suggère l’analyste politique Bae Kang-hun, un « canard mort » plutôt qu’un « canard boiteux ».
Yoon espérait pouvoir renforcer le Parti du pouvoir populaire (PPP), qui le soutient avec ses 114 députés, face aux 154 députés du Parti démocrate (PD) de centre-gauche dans l’assemblée précédente. Cependant, ces espoirs ont été déçus lorsque le PPP a subi un revers majeur aux élections, tant et si bien que le Parti démocrate et plusieurs petits partis d’opposition ont remporté plus de 200 sièges, leur donnant la possibilité de s’opposer activement au président, voire de le destituer.
Parmi ces petits partis, le nouveau parti de la réforme (PR), qui incarne une troisième option centriste, a obtenu entre 12 et 14 sièges. Bien que ces chiffres aient encore besoin d’être confirmés par la commission électorale le 11 avril, ils semblent confirmer une défaite dévastatrice pour le camp conservateur et le président lui-même, tout en mettant en évidence une polarisation politique de plus en plus marquée.
Grâce à sa nouvelle majorité et l’aide de petits partis, le PD est en mesure de passer outre un veto présidentiel, un outil que M. Yoon a utilisé pour empêcher une enquête sur les écarts de conduite de sa femme qui aurait troqué une audience pour un sac Dior. Le PD peut aussi prendre des initiatives pour engager des poursuites, voire destituer le président, ce qui nécessiterait les deux tiers des votes à l’Assemblée.
Depuis que M. Yoon a pris le pouvoir, la division politique a atteint un niveau critique. Chaque action gouvernementale a été jugée en fonction des partis prises ardents et virulents. Cette situation divise le soutien en deux, provoquant le ressentiment de certains et le soutien aveugle des autres. Dans cet environnement houleux où les insultes fusent, le parti du président a déclaré qu’il « poursuivrait en justice » le leader du PD, Lee Jae-myung, candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2022, qui avait l’intention de « punir » le président. Ces élections ont exacerbé la passion politique en Corée du Sud, une situation aggravée par l’agression au couteau dont M. Lee a été victime début janvier.
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