Emmanuel Macron a provoqué des réactions vives parmi les féministes en annonçant qu’il allait donner une décoration à Michel Sardou. Le président français prévoit de faire du chanteur âgé de 77 ans un grand officier de l’ordre national du Mérite lors d’une cérémonie en juin, selon l’Elysée. Cette nouvelle a été confirmée par l’Agence France-Presse.
D’après les déclarations de personnes proches du président, cette décision est « un choix du cœur ». Selon le Nouvel Obs, un « lobby Sardou » composé du conseiller de Brigitte Macron, Tristan Bromet, du rédacteur Jonathan Guémas, et du conseiller mémoire, Bruno Roger-Petit, a appuyé cette décision à l’Elysée. Les opinions de Michel Sardou, souvent critiqué pour son conservatisme et accusé de promouvoir des stéréotypes sexistes et racistes dans ses chansons, ne semblent pas avoir influencé cette décision.
La présidence a déclaré à Le Nouvel Obs que Sardou « a identifié, plusieurs décennies avant Michel Houellebecq, le malaise des hommes dans ses paroles ». L’interprète, depuis 1973, de la chanson « Les villes de grande solitude » a souvent exprimé sa « volonté de violer des femmes ». Le président et son entourage sont accusés de « sexisme ordinaire » pour cette décision.
Dans une critique sur X, Sandrine Rousseau, députée écologiste et féministe, a soutenu que le patriarcat est sur le point de s’effondrer mais que ses acteurs continueront à se décerner des honneurs mutuels avant cela. Michel Sardou, lors de ce qui semble être sa dernière tournée, a choisi de dédicacer sarcasquement sa chanson Je vais t’aimer à Sandrine Rousseau. En lançant, en plein rire, que cette chanson allait déstabiliser Sandrine Rousseau lors du début de sa tournée en Normandie en octobre, un événement observé par l’AFP.
Laurence Rossignol, sénatrice socialiste, faisant référence aux paroles de la chanson Les Villes de grande solitude, a dénoncé le malaise masculin dans un commentaire écrit : « J’ai le désir de violer des femmes, de les forcer à m’admirer. Nous sommes rassurées que ceci est simplement l’expression des malaises masculins. Cela relève certainement d’une décoration ! »
Anne-Cécile Mailfert, la présidente de la Fondation des femmes, a regretté que cette situation n’était pas une blague du 1er avril en partageant l’article du Nouvel Obs huit jours après la date.
Emmanuelle Dancourt, présidente de l’association #Metoomedia, est intervenue sur BFM-TV pour condamner le rôle de Michel Sardou dans l’entretien du sexisme ordinaire. Elle a souligné comment sa célèbrité a légitimé certaines déclarations et idées inacceptables aujourd’hui. À cet effet, elle a rappelé les mots du chanteur lors d’un concert à Arena Paris la Défense en mars : « Un jeune homme qui touche la main d’une femme sans son consentement est envoyé directement en garde à vue. S’il ose toucher ailleurs, il finit à Fleury-Mérogis. »
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