Face à la mobilisation des fermiers, manifestant sur leurs tracteurs fin janvier à travers l’Europe, une action rapide des autorités européennes a été observée, n’épargnant aucune de leurs requêtes. Avec l’approche des élections européennes prevues du 6 au 9 juin, qui pourraient favoriser l’extrême droite, il n’était pas question de laisser la situation se dégrader. En un temps record, ils ont donc résolu d’alléger les restrictions environnementales de la Politique agricole commune avant de parvenir à un accord le lundi 8 avril pour limiter les importations de produits agricoles provenant d’Ukraine, qui depuis juin 2022, accèdent librement au marché intérieur sans droits de douane.
Par conséquent, ce traitement de faveur mis en place suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie et renouvelé chaque année, ne sera pas étendu après juin 2025. Entre temps, la Commission devra parvenir à un accord de libre-échange durable avec Kiev. En attendant, à partir du 6 juin, des taxes seront appliquées sur les importations de poulet, d’œufs, de sucre, de maïs, de miel, d’avoine et de gruaux qui dépassent la moyenne atteinte entre mi-2021 et fin 2023, et ce, dans un délai de quatorze jours.
L’accord qui prolonge le soutien à un an en matière de droits de douane illustre la solidarité sans faille de l’Union Européenne (UE). Celui-ci, tout en mettant en place des mesures de sécurité pour protéger les agriculteurs de l’UE en cas de perturbations du marché, a été salué par Sandra Kalniete, députée européenne lettone de droite. Cependant, cette décision est mal accueillie à Kiev, car elle entraînera un coût annuel de 330 millions d’euros pour les agriculteurs ukrainiens à une époque où l’aide américaine est en suspens alors que l’armée russe fait des gains quotidiens.
En raison du blocus russe de la mer Noire qui empêche l’Ukraine d’exporter ses produits agricoles vers ses marchés traditionnels, elle a redirigé ses ventes vers l’UE à des tarifs très compétitifs. Selon la Commission, l’Ukraine est devenue son troisième fournisseur de produits agroalimentaires en 2023, représentant 7% de ses importations et se classant derrière le Brésil et le Royaume-Uni. Plus précisément, l’Ukraine a exporté dix fois plus d’œufs et d’orge vers l’Europe qu’avant la guerre en l’espace d’une année, vingt fois plus de blé et près de trente fois plus de sucre. Il s’agit là de débats ardues.
Cependant, l’Ukraine estime que la décision des Vingt-Sept n’est pas légitime d’un point de vue factuel. Selon elle, ses expéditions à l’intérieur de l’UE ne représentent que 1% de la consommation d’œufs des Européens et ne comblent que 2% de leur demande en volaille. En d’autres termes, comme l’expliquait Mykola Solsky, le ministre ukrainien de l’agriculture, à l’Agence France-Presse le 25 mars, « c’est ce que les réfugiés ukrainiens pourraient aisément consommer ». En outre, elle soutient que les prix mondiaux des céréales sont en baisse en raison de récoltes abondantes aux États-Unis et en Amérique du Sud ainsi que des exportations russes à des prix dérisoires.
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