Ioanna Dimitriou exprime son mécontentement face à la difficulté de se déplacer à pied dans Athènes, la capitale grecque. Elle pointe notamment du doigt les automobiles stationnées sur les trottoirs dans le quartier d’Exarchia, rendant pratiquement impossible le déplacement des piétons. Sur les réseaux sociaux, de nombreux athéniens expriment également leur colère face à l’état des trottoirs, mais aussi contre les restaurateurs et les automobilistes qui empiètent sur l’espace piéton.
Non loin de la place Syntagma, devant le Parlement grec, un compte Instagram nommé @batman_for_athens mène une campagne contre le manque d’entretien de la ville. Il souligne notamment que pour se déplacer, les citoyens sont contraints de marcher sur la route en raison de la présence envahissante des cafés qui utilisent sans autorisation l’espace public.
En effet, une étude menée par l’Ecole polytechnique d’Athènes révèle que près de 40% des restaurants empiètent illégalement sur ces lieux publics. En 2023, plus de 5 000 contrôles ont été effectués par la police municipale, aboutissant à la constatation de plus de 2 000 violations de la loi. De nombreux citoyens estiment que cette situation est indignes d’une capitale européenne.
Athanassios Frontistis, l’un des fondateurs de la page Facebook « Rendez les trottoirs aux piétons », avec plus de 1 500 membres, affirme que les lois destinées à protéger les piétons existent, mais ne sont pas mises en œuvre. Il souligne que l’article 5, paragraphe 1 de la Constitution grecque assure le « droit à l’utilisation des espaces publics par les piétons ». En outre, la Grèce a également ratifié la Charte européenne des droits du piéton de 1988. Selon M. Frontistis, beaucoup ignorent que les trottoirs doivent respecter des mesures spécifiques. La loi stipule qu’ils doivent avoir une largeur minimale de 2,1 mètres, pour permettre le déplacement autonome des personnes en chaise roulante ou malvoyantes.
Cependant, une étude de l’École polytechnique d’Athènes, publiée fin janvier dans le quotidien de centre droit Kathimerini, révèle que 37 % des trottoirs d’Athènes ont une largeur inférieure à un mètre, et que deux tiers ne respectent pas la largeur imposée par la loi.
Trois ans auparavant, Athanassios Frontistis, un professeur d’économie, a pris une décision visant à garantir que les espaces publics de la ville puissent être utilisables par tout le monde. « Ma conjointe a récemment glissé à cause d’un pavé de trottoir mal fixé et a fini avec un bras plâtré », raconte ce sexagénaire, condamnant une « situation inacceptable, ne correspondant pas à l’image d’une capitale européenne ». Il a, avec l’aide de son groupe de citoyens mécontents, adressé une lettre aux autorités du pays, y compris la présidente de la République, le premier ministre, le président du Parlement et le chef de la police en Grèce. « Les autorités municipales restent inertes depuis des années, mais nous ne pouvons pas continuer à résider dans une cité où les individus à mobilité limitée sont incapables de se déplacer, où les parents peinent constamment à se promener à cause des voitures stationnées sur les passages pour piétons… », affirme M. Frontistis.
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