Afin de comprendre l’importance de l’événement, il faut imaginer le tonnerre d’applaudissements pour ces femmes aux cheveux argentés, descendant l’escalier en spirale majestueux du tribunal. Le mardi 9 avril, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a rendu un verdict inédit condamnant la Suisse pour son inaction face au dérèglement climatique. Elle a estimé que le pays n’avait pas mis en place des mesures adéquates pour sauvegarder ses résidents contre les conséquences du changement climatique. L’association Les Aînées pour la protection du climat Suisse, composée de 2 500 femmes, principalement âgées de plus de 70 ans, avait porté plainte contre Berne.
Ce jugement, qualifié de « historique » par les analystes, devrait établir un précédent juridique dans les quarante-six pays membres du Conseil de l’Europe, intensifiant ainsi la pression sur les gouvernements pour qu’ils augmentent leurs efforts. C’est la première instance qu’un tribunal international se prononce sur le réchauffement climatique en établissant un lien direct avec la qualité de vie, la santé et le bien-être des citoyens.
Toutefois, la Cour, située à Strasbourg, a refusé deux autres requêtes : une de six jeunes portugais contre trente-trois pays et une autre de l’ex-maire de Grande-Synthe (Nord), Damien Carême, contre la France, toutes deux dénonçant également l’insuffisance des actions des gouvernements face au changement climatique. Ces affaires, marquant l’importance du sujet, ont été prises en charge par les dix-sept juges de la Grande Chambre, l’instance la plus prestigieuse de la CEDH, afin d’établir pour la première fois sa jurisprudence sur la question du climat.
Anne Mahrer, co-présidente des Aînées pour la protection du climat, exprime avec fierté que leur combat pour les droits fondamentaux à un environnement sain a enfin été reconnu par la cour. Depuis 2016, ces femmes se battent sans relâche pour démontrer l’impact des vagues de chaleur sur leur état de santé et critiquent la politique climatique de la Suisse, jugée insuffisante pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C comme le stipule l’accord de Paris.
Dans un document de plus de 300 pages, la CEDH a déclaré que la Suisse n’a pas respecté ses obligations dans la lutte contre le changement climatique, soulignant de graves failles. Cette conclusion est basée sur le manque d’un budget carbone précisant les limites d’émission de gaz à effet de serre au niveau national, et l’incapacité du pays à atteindre ses objectifs précédents. La cour a tranché que les autorités suisses n’ont pas pris les mesures adéquates ni opportunément pour faire face à ce problème.
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