La relation entre Tel-Aviv et Washington n’a jamais été aussi tendue. Tandis que les avions israéliens continuent leurs bombardements sur la bande de Gaza ce mercredi 10 avril, malgré les initiatives de pacification soutenues par des témoins, le dirigeant américain, Joe Biden, a de nouveau formulé des réprimandes à l’égard de la stratégie guerrière du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, dans la zone palestinienne.
« Je considère que ses actions sont erronées. Je ne suis pas en phase avec sa manière de faire, » a ainsi proclamé M. Biden, mardi, lors d’un entretien avec le réseau latino Univision, en réaction à une question sur le zèle guerrier d’Israël.
Ce sont là les déclarations les plus acerbes du chef d’État américain vis-à-vis du leader israélien, alors que les États-Unis montrent une impatience grandissante devant la catastrophe humanitaire actuelle dans la région palestinienne assiégée par les forces israéliennes. Joe Biden a même qualifié de « scandaleux » le fait que le convoi humanitaire de l’organisation non gouvernementale World Central Kitchen ait été visé par une attaque israélienne, qui a coûté la vie à sept membres de l’organisation.
« Ce que je demande, c’est que les Israéliens exigent un cessez-le-feu, qu’ils permettent un accès total à la nourriture et aux médicaments entrant dans le pays pour les six à huit prochaines semaines, » a-t-il déclaré.
Malgré les appels à la prudence émanant de différentes capitales étrangères, dont celle de son allié, les États-Unis, Monsieur Nétanyahou reste résolu à lancer une attaque terrestre sur Rafah, qu’il décrit comme le dernier refuge majeur du Hamas depuis leur prise de contrôle de la bande de Gaza en 2007. Cette ville qui partage ses frontières avec l’Égypte, abrite près d’un million et demi d’habitants, majoritairement des déplacés. Cela soulève la crainte d’une augmentation du nombre de victimes en cas d’attaque directe.
Le président américain avait pris contact téléphoniquement la semaine dernière avec le Premier ministre israélien, discutant pour la première fois d’éventuelles conditions à l’assistance américaine dans ce contexte humanitaire. Il a aussi mentionné avoir engagé des discussions avec des représentants d’autres pays tels que l’Arabie Saoudite, la Jordanie et l’Égypte. Ces derniers se déclarent disposés à apporter leur aide. « Ils sont prêts à mobiliser des ressources pour apporter de la nourriture », a-t-il déclaré.
Joe Biden a ajouté qu’à son avis, ne pas fournir de médicaments et de nourriture aux personnes dans le besoin était inexcusable et que cette action devait être entreprise sans attendre.
Les États-Unis contribuent pour des milliards de dollars en aide militaire à Israël, mais insistent pour qu’Israël fasse plus pour permettre l’entrée de l’aide humanitaire dans le pays. Bien qu’ils aient reconnu les actions initiales d’Israël, notamment l’ouverture »temporaire » de nouveaux points de passage à Gaza, en particulier à Erez dans le nord, ils attendent maintenant des « progrès concrets».
La vice-présidente Kamala Harris a accueilli à la Maison Blanche des membres de familles d’otages américains détenus par le Hamas à Gaza, pendant que les pourparlers pour un cessez-le-feu à Gaza, y compris la libération des otages, continuent. Rachel Goldberg, dont le fils, Hersh Goldberg-Polin, est parmi les otages, a exprimé à la presse leur désir de voir des progrès. Elle a affirmé : « Nous voulons des résultats. Nous voulons que nos êtres chers reviennent ».