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Mexique poursuit entreprises d’armes américaines

Depuis 2021, le Mexique est en bataille judiciaire contre l’industrie des armes aux Etats-Unis et a gagné deux cas majeurs, largement célébrés. C’est une première, la justice américaine a admis qu’un État pouvait poursuivre l’industrie des armes pour sa contribution au trafic d’armes à feu et demander une compensation.

Cette question est d’une extrême importance pour les citoyens mexicains, car les armes américaines jouent un rôle majeur dans le trafic de drogue, le principal problème du pays. Le Mexique estime qu’environ un demi-million d’armes américaines sont introduites illégalement sur son sol chaque année. De tous les homicides commis, six sur dix sont perpétrés avec des armes à feu, la grande majorité provenant des Etats-Unis.

De nombreux Américains s’intéressent également à ce conflit juridique. Les victoires du Mexique dans les cours fédérales de Boston (Massachusetts) et Tucson (Arizona) sont perçues comme « historiques » et sont applaudies par une majorité d’Américains qui plaident pour une réglementation de cette industrie fortement impliquée dans des massacres de civils et la crise du fentanyl.

Jonathan Lowy, l’avocat américain représentant le Mexique dans cette affaire et qui lutte contre cette industrie depuis vingt-sept ans, résume : « Les Etats-Unis sont aujourd’hui conscients qu’ils arment les cartels qui inondent le pays avec une drogue extrêmement mortelle ».

Le gouvernement mexicain, par le biais de son ministère des affaires étrangères, a élaboré une approche politique et juridique visant à inciter l’industrie à modifier ses comportements. Le Mexique soutient que les fabricants d’armes américains ont instauré des tactiques de marketing délibérément séduisantes pour les organisations criminelles, surtout celles du Mexique. Leurs produits comprennent des armes d’allure militaire qui peuvent être facilement ajustées pour effectuer des tirs automatiques, et dont le design est inspiré par des éléments tels que les symboles nationaux mexicains, le drapeau national notamment, la « narco-culture » et la Vierge de Guadalupe.

Par exemple, Colt’s, l’une des neuf entreprises mentionnées dans la plainte du Mexique, fabrique trois modèles de ses revolvers colt 38, El Jefe, El Grito et Emiliano Zapata, avec des talons gravées de ces images et une citation du révolutionnaire mexicain : « Il est mieux de mourir debout que de vivre à genoux. » De son côté, Barrett, un autre fabricant d’armes, a créé des fusils de calibre 50 capables de détruire des véhicules blindés, qui ont déjà réussi à abattre des hélicoptères de l’armée mexicaine au sud du Rio Bravo.

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