Ursula von der Leyen, qui cherche à se faire réélire à la présidence de la Commission après les élections européennes qui auront lieu du 6 au 9 juin, commence déjà à être mise à mal. Moins de deux mois avant le vote, elle voit un nombre croissant de défis et de menaces entourant sa candidature pour le Parti populaire européen (PPE), représentant les partis de droite en Europe.
Cette semaine, elle devra répondre à des critiques de certains de ses commissaires et de membres du Parlement européen. Ils lui reprochent d’avoir choisi Markus Pieper comme « représentant de l’UE pour les PME », bien qu’il ait été le candidat le moins bien classé pour ce poste nouvellement créé et lucratif. Ils y voient un geste de faveur envers le PPE, et plus spécifiquement l’Union chrétienne-démocrate (CDU), d’où sont issus aussi bien l’ancien ministre d’Angela Merkel que l’eurodéputé allemand.
Quatre commissaires – le libéral français Thierry Breton (responsable du marché intérieur), accompagné de trois socialistes, l’Espagnol Josep Borrell (haut représentant pour les affaires étrangères), le Luxembourgeois Nicolas Schmit (commissaire aux droits sociaux et à l’emploi) et l’Italien Paolo Gentiloni (commissaire à l’économie) – ont adressé une lettre à Ursula von der Leyen le 27 mars pour demander des éclaircissements. Ils prévoient d’aborder le sujet lors de la réunion du collège du 10 avril. Ils mentionnent dans leur lettre que la nomination de Markus Pieper « a soulevé des interrogations sur la transparence et l’impartialité du processus de sélection ».
La discussion sur un amendement demandant à la présidente d’annuler une désignation controversée aura lieu au Parlement européen le jeudi 11 avril. L’eurodéputé vert Daniel Freund rapporte que le Parti Populaire Européen s’oppose à la légalité de cette nomination et que le bureau de Von der Leyen travaille à faire annuler cette décision. Plusieurs ONG, y compris Transparency International, The Good Lobby et Corporate Europe Observatory, ont exprimé leur inquiétude dans une lettre datée du 5 avril destinée au collège des commissaires. Ces ONG craignent que Ursula von der Leyen ait nommé Markus Pieper, un allié politique, à un poste élevé de manière favorisante.
Par ailleurs, Von der Leyen se soucie également d’une autre controverse, le « Pfizergate », dont elle est à l’origine. Dans une interview au New York Times en avril 2021, elle a révélé avoir mené des discussions via SMS avec le président de Pfizer à propos des contrats pour l’acquisition de vaccins Covid-19 par la Commission. Toutefois, lorsqu’il lui a été demandé de rendre publics ces échanges dans un souci de transparence, elle a refusé en prétendant les avoir supprimés de son téléphone.
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