Tandis que la France renforce sa lutte contre l’utilisation du cannabis, où un membre du gouvernement [le ministre de la justice, Eric Dupont-Moretti] a même fait une déclaration relatant que ceux qui consomment un joint le week-end doivent avoir le sentiment de « sang séché sur les trottoirs », l’Allemagne a choisi une approche différente. Elle a abandonné la prohibition et a commencé à s’orienter vers la régulation juridique du cannabis. Bien que cette évolution mérite d’être applaudie, il est aussi approprié de questionner sa probabilité de succès. L’Allemagne est encore au stade initial de ce processus.
À compter du 1er avril, la possession légale de quantités limitées de cannabis et la culture individuelle jusqu’à trois plants sont autorisées. Cependant, la vente de cannabis par des agriculteurs ou des magasins professionnels reste interdite. Une future législation est envisagée qui déterminera les conditions légales pour autoriser les producteurs et distributeurs professionnels de cannabis. En attendant, seule l’autoproduction est permise.
Ce premier mouvement est accueilli avec enthousiasme en Allemagne, en particulier par les pépiniéristes qui voient leurs stocks de plants de cannabis se vider rapidement. Les consommateurs pourront désormais profiter de produits suivis et de meilleure qualité en choisissant la variété qu’ils veulent cultiver, ainsi que connaître la teneur en THC et les autres substances actives de leur récolte. Mais surtout, ils réduiront, voire supprimeront, leurs achats auprès des trafiquants, ce qui devrait réduire le niveau du crime dans les rues. L’Uruguay nous a montré la voie dans ce domaine.
Il est à craindre, au vue des précédentes régulations légales étrangères, que cette progression n’élimine pas totalement le marché clandestin. En effet, les lois de légalisation sont hautement diversifiées partout où elles existent, allant de l’Uruguay au Canada, en passant par la moitié des États américains, et leurs conséquences ne sont pas moins variées. Il est temps de discuter non pas de la nécessité de mettre fin à la prohibition, mais de la façon la plus appropriée de contrôler et de légaliser le marché du cannabis.
Dans toutes les nations ayant autorisé la consommation du cannabis, les objectifs étaient nombreux : la santé, en améliorant la prévention, en procurant une meilleure assistance aux consommateurs qui ont du mal à gérer leur utilisation du produit, en ralentissant la consommation chez les plus jeunes ; économique, par la création d’une industrie légale, générateur d’emplois officiels, productrice de revenus fiscaux et sociaux ; et la sécurité, en coupant les revenus des structures criminelles, et en donne plus de temps aux forces policières et judiciaires.
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