Le dimanche 7 avril marquait le trentième anniversaire du débat présidentiel mexicain à la télévision, avec une nouvelle tournure ; deux femmes candidates de 61 ans étaient au premier plan. Le premier candidat, Claudia Sheinbaum, est l’ancienne maire de la ville de Mexico (2018-2023), elle est la favorite des sondages et se présente comme l’héritière de l’actuel président de gauche, Andres Manuel Lopez Obrador (aussi connu sous l’appellation « AMLO »). À l’opposé, se trouve la sénatrice et entrepreneuse Xochitl Galvez, qui représente l’opposition de droite (Parti révolutionnaire institutionnel, PRI, et Parti Action nationale, PAN).
Il a fallu attendre l’année 2006 pour voir une femme, Patricia Mercado, s’intégrer à ce débat généralement dominé par les hommes. L’Institut national électoral, qui supervise l’organisation du débat en prévision du vote du 2 juin, avait inclus la question des féminicides dans les discussions.
Toutefois, au lendemain du débat, ce sont probablement les féministes qui étaient le plus déçues. L’agence de journalisme féministe Cimac a déclaré que « Les candidates ont fait preuve d’ignorance et de manque d’intérêt pour la violence contre les femmes ». Claudia Sheinbaum aurait surestimé ses accomplissements en ce qui concerne la violence contre les femmes lorsqu’elle était maire de Mexico, tandis que son adversaire, Xochitl Galvez, a suggéré de mettre en place des refuges, qui existent déjà dans le pays.
Ce débat télévisé a été principalement axé sur les attaques personnelles, reléguant ainsi les propositions au second plan. Par exemple, la sénatrice a critiqué sa rivale du Mouvement de régénération nationale (Morena), le parti au pouvoir depuis 2018, en déclarant : « Claudia, tu es insensible, tu n’as pas de cœur, tu es une vraie dame de glace ».
« Nous avons un président intègre », a-t-elle conclu.
En dépit de son retard substantiel de plus de vingt points dans les enquêtes d’opinion, la candidate d’opposition opte pour une stratégie d’attaque pour rester compétitive. Dans cette optique, Galvez a fait plusieurs fois référence aux deux incidents tragiques qui ont marqué la carrière politique de Claudia Sheinbaum, l’accusant de « négligence criminelle ». Ces incidents comprenaient l’effondrement d’une école lors du séisme de 2017, qui a entraîné la mort de dix-neuf personnes, ainsi que la rupture d’un viaduc de métro en 2021, qui a causé la mort de vingt-six personnes.
« C’est consternant d’exploiter la souffrance des victimes », a rétorqué l’ancienne mairesse de Mexico, qui a répliqué en soulignant des allégations de corruption liées aux entreprises détenues par la sénatrice. Au lieu de désigner sa rivale par son prénom, Mme Sheinbaum a préféré utiliser le terme « candidate du PRIAN », une fusion des noms PRI et PAN, qui sont les deux partis politiques ayant gouverné le Mexique et qui sont désormais alliés contre Morena. « Aujourd’hui, nous avons un président intègre, notre adversaire ne pourra jamais en dire autant des présidents du PRIAN », a-t-elle déclaré en réaction aux allégations de Galvez concernant la corruption supposée des fils de « AMLO ».
Les abonnés ont accès à 33.12% de cet article.