À 18 ans, Nayah (nom modifié pour des raisons de confidentialité) a pris la décision de frapper à la porte d’un simple appartement à Bagnolet, en Seine-Saint-Denis. Elle était alors en train de suivre un programme de réinsertion mis en place par une mission locale. « Ils ont remarqué mes bleus et mon visage meurtri. C’est eux qui m’ont conseillé d’aller voir les filles de LAO Pow’Her », confie la jeune femme, qui avait été victime de violences familiales dans le passé. « Je pensais que c’était normal de subir de la violence aussi dans un couple. Ils m’ont aidé à comprendre que je n’étais pas responsable de cela.”
Elle a maintenant 21 ans, un enfant âgé de 9 mois et a formé une nouvelle famille au sein du LAO. « Ils m’ont aidé à réaliser à quel point le père de ma fille était violent et m’ont soutenu pour que je puisse faire une demande d’aide auprès d’un centre maternel pour devenir autonome, » continue de raconter Nayah. « LAO est mon havre de paix. Quand les choses vont mal, je sais qu’ils sont là pour moi et qu’ils ne me laisseront pas tomber. »
Le LAO, un centre d’accueil diurne réservé aux femmes de moins de 25 ans victimes de violences sexistes et sexuelles, est le seul de son genre en France. Malheureusement, il risque de devoir fermer ses portes dans les mois à venir en raison de problèmes financiers. Il est géré par l’association FIT – une femme un toit. Une campagne de financement participatif a été lancée sur le site Jesoutienslelao.fr pour tenter de recueillir les 55 000 euros nécessaires pour continuer à payer les salaires des neuf membres de son équipe et pour lutter contre les difficultés financières. Cependant, la campagne peine à atteindre son objectif.
Depuis son établissement en 2019, le LAO a assisté 547 femmes, en majorité victimes de maltraitance au sein de leur famille. « Certaines de ces femmes sont familières avec les services sociaux pour enfants en raison des violences corporelles ou émotionnelles subies depuis leur enfance. D’autres ont été contraintes au mariage ou ont subi des mutilations génitales », explique Amandine Maraval, la directrice du centre. Et presque 90% d’entre elles ont subi de multiples formes de ces violences. Elles restent principalement invisibles pour les structures juridiques formelles. « Elles sont souvent les premières à subir des sévices, mais les dernières à chercher de l’aide », résume-t-elle.
Certaines arrivent portant un nouveau-né ou seulement avec une valise hâtivement faite. Beaucoup sont sans moyens. Le LAO s’engage à les mettre en sécurité le plus rapidement possible. Ce qui distingue cette organisation, c’est le soutien qu’elle propose aux victimes, s’étendant jusqu’à deux à trois ans après le premier contact, pour les aider à reconnaitre les violences subies, à se reconstruire et à prévenir la répétition des mêmes schémas.
Pour ce faire, le LAO s’appuie sur une équipe de neuf personnes, comprenant trois éducateurs, une psychologue, une juriste et conseillère familiale et conjugale. Un suivi intégral qui, pour fonctionner efficacement à long terme et recueillir les données nécessaires à son expansion, nécessite un budget d’environ 720 000 euros, selon la directrice.
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