La soirée du 14 janvier 2021 était sombre et tempétueuse sur la Manche, avec des vents de plus de 70 km/h et des vagues atteignant presque cinq mètres de haut. En plein milieu de cette tourmente, le Breiz, un bateau de pêche chargé de coquilles Saint-Jacques, subit une panne de direction. Quentin Varin, 27 ans, fils et petit-fils de pêcheurs, se trouve à bord en tant que capitaine pour la première fois, seulement quelques mois après avoir contracté une dette pour acheter la moitié des parts du vieux bateau de 42 ans.
Son co-propriétaire, un vendeur de poisson, l’avait averti qu’il était risqué de prendre la mer. Quentin Varin, le marin, avait simplement répondu qu’il n’avait pas d’autre choix. Les deux autres membres de l’équipage étaient les frères Gibert, Steven et Jimmy. Steven, 26 ans, était expérimenté, tandis que son jeune frère Jimmy, 19 ans, aspirait à naviguer. Alors que la tempête se déchaîne vers 19 heures, Quentin Varin prend la décision de demander de l’aide.
La Société nationale de sauvetage en mer (SNSM) de Port-en-Bessin, le port le plus proche, refuse d’intervenir, estimant les conditions trop dangereuses. L’appel est donc transféré à une autre équipe, basée à Ouistreham, qui accepte la mission. Philippe Capdeville, bénévole de la SNSM depuis 35 ans et responsable du bateau de sauvetage depuis 13 ans, part donc à la rescousse du Breiz avec à ses côtés sept autres marins.
Sur le Breiz, l’attente de l’arrivée est chargée de tension pour le jeune capitaine et ses deux marins. Quentin Varin écrit à son amoureuse, Victoire, s’inquiétant de la situation difficile. Il informe également sa mère, Christelle, et promet de lui envoyer un message dès que le bateau sera amarré. Son père, Bruno, est notifié de la situation également. Bruno, quant à lui, est en train de naviguer à six miles des côtes anglaises sur son hauturier Carpe-Diem, et il s’informe régulièrement de la situation.
Le remorquage du bateau se lance vers 21h15. À peine le processus de remorquage a-t-il commencé que Quentin Varin rencontre un problème. Les deux taquets latéraux du Breiz, auxquels le câble de remorquage était attaché, se sont déformés sous la tension. La balustrade risque à présent d’être déchirée. Une fois le câble fixé au taquet central, le remorquage reprend. À deux reprises Quentin Varin demande au canot de la SNCM de ralentir, signalant qu’ils embarquent de l’eau et inclinent constamment. En réponse, Philippe Capdeville annonce qu’il va alléger la tension.