Après l’incident du raid policier contre l’ambassade mexicaine à Quito, l’équipe diplomatique mexicaine stationnée là-bas quittera l’Équateur le dimanche 7 avril. Cette décision intervient deux jours après le raid qui a suscité l’indignation mondiale et a entrainé une rupture dans les relations diplomatiques entre le Mexique et l’Équateur.
Depuis l’intervention de la police dans l’ambassade mexicaine pour arrêter l’ancien vice-président équatorien Jorge Glas, accusé de corruption et qui s’y était caché, l’Équateur est sans cesse critiqué en Amérique Latine. L’ONU a également réagi à cet évènement troublant.
Ce dimanche, 18 individus, incluant des diplomates ainsi que des membres de leur famille, prendront un vol commercial en direction de Mexico. Cette information a été partagée par le ministère des affaires étrangères du Mexique. Parmi les passagers figurent l’ambassadrice Raquel Serur, déclarée persona non grata par l’Équateur, et Roberto Canseco, le chef de la mission diplomatique.
Le ministère a également précisé que de « pays amis et alliés » ont proposé d’assurer leur sécurité jusqu’à l’aéroport.
La violation de l’ambassade, un acte peu commun de nos jours, a été condamnée par plusieurs gouvernements d’Amérique Latine, ainsi que par des leaders politiques latino-américains, incluant l’actuel président argentin Javier Milei. Pour la plupart d’entre eux, cette attaque représente une violation de la convention de Vienne qui insiste sur l’inviolabilité des ambassades.
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’est dit « alarmé » par le raid, soulignant qu’une telle intrusion dans les bâtiments diplomatiques sape le maintien de relations internationales normales.
La présidente hondurienne, Xiomara Castro, actuelle présidente par intérim de la Communauté des Etats d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a convoqué une réunion d’urgence lundi. L’Organisation des Etats américains (OEA) a déclaré son opposition à tout acte qui violerait ou mettrait en danger l’intégrité des espaces réservés aux missions diplomatiques. Une rupture dans les relations diplomatiques s’est produite entre deux pays. Andres Manuel Lopez Obrador, président du Mexique, a déclaré qu’il y avait eu une « violation flagrante du droit international et de la souveraineté mexicaine », et a manifesté son désir de porter l’affaire devant la Cour internationale de justice. En conséquence, le Mexique a annoncé vendredi la rupture immédiate de ses relations diplomatiques avec l’Equateur, position suivie le lendemain par le Nicaragua. Condamnant « tout manquement à la Convention de Vienne », les États-Unis ont incité le Mexique et l’Equateur à résoudre leurs désaccords dans le respect des règles internationales, selon un porte-parole du Département d’État. Samedi soir, une cinquantaine de personnes ont manifesté devant l’ambassade de l’Equateur à Mexico, criant « fasciste ». L’ambassade mexicaine à Quito était encerclée samedi par la police, et le drapeau national a été abaissé de son mât dans la cour de l’édifice. M. Glas, âgé de 54 ans, a été transporté samedi dans une prison à haute sécurité à Guayaquil, dans le sud-ouest de l’Equateur, selon des informations gouvernementales.
Le chef de la délégation diplomatique mexicaine, Roberto Canseco, a été vu et entendu en train de dénoncer un scandale dans les médias locaux tandis qu’il courait derrière des véhicules en partance de l’ambassade. Un incident a fait que M. Canseco est tombé. Il a exprimé ses vives inquiétudes concernant l’éventuelle mise à mort de Jorge Glas, en s’adressant à une chaîne de télévision locale, toujours très ému.
Un verdict de culpabilité pour détournement de fonds publics a été prononcé contre Jorge Glas. Le 17 décembre, ce dernier avait trouvé refuge à l’ambassade mexicaine à Quito, faisant l’objet d’un mandat d’arrêt pour suspicions de corruption.
Auparavant, le Mexique avait accordé à M. Glas le statut d’asile, ce qui a été décrié par Quito comme une action illégale, abusant des droits d’immunités et de privilèges de l’ambassade et s’ingérant dans ses affaires internes. Le ministère de la Communication de l’Equateur a souligné que Jorge Glas avait fait l’objet d’une condamnation exécutoire et que des autorités compétentes avaient émis un mandat d’arrêt à son encontre.
L’octroi de l’asile à Glas est arrivé juste après que l’Equateur a décidé d’expulser l’ambassadrice du Mexique à Quito, suite aux critiques du président mexicain concernant les élections présidentielles de l’Equateur en 2023.
Mercredi, le président mexicain, M. Lopez Obrador, avait condamné les autorités équatoriennes d’utiliser de manière opportuniste l’assassinat du candidat de l’opposition, Fernando Villavicencio, le 9 août 2023, pour favoriser l’élection de leur candidat libéral, Daniel Noboa, au détriment du candidat de gauche, Luisa González. Il est rapporté que Villavicencio a été tué après avoir tenu un meeting de campagne dans le nord de Quito quelques jours avant l’élection du 20 août.
Le gouvernement équatorien qui combat contre des groupes criminels en compétition pour contrôler les voies de la drogue, a considéré ces déclarations comme insultantes. Jorge Glas, qui a été vice-président de 2013 à 2017 sous Rafael Correa, l’ancien président socialiste (2007-2017), est accusé de fraude en utilisant des fonds publics pour la remise en état des villes côtières après un tremblement de terre en 2016. Par ailleurs, dans une affaire distincte, il a été jugé coupable de corruption en 2017 et condamné à six ans de prison dans un scandale majeur impliquant Odebrecht, l’énorme entreprise de construction brésilienne. Il a été libéré en novembre de l’année dernière.