Observer les paysages sculptés de l’Ecosse, dominés par ses lacs majestueux et ses rugged montagnes, pourrait faire dire à certains que nous sommes dans un royaume imaginaire plutôt qu’un lieu réel. Robbie Lawrence, à travers ses images saisissantes, penche clairement pour cette idée. Pendant plusieurs mois, il s’est plongé dans l’univers des Highland Games, ces compétitions traditionnelles écossaises, afin de réaliser son livre Long Walk Home (« la longue marche vers chez soi », Stanley Barker, non traduit).
Ces jeux impliquent des tests de force, des courses, des luttes, des tirages de corde impressionnants, des danses en ligne, et bien sûr des concerts de cornemuses. Les participants, vêtus de kilts, ne se trouvent pas uniquement en Ecosse, mais aussi aux Etats-Unis. Dans le monde, chaque année, des dizaines de milliers d’individus célèbrent les Highland Games, affirmant ainsi leur passé commun et leur identité liée à un territoire que certains n’ont peut-être jamais visité.
Qu’est-ce qui définit réellement l’identité écossaise de nos jours ? Robbie Lawrence a cherché la réponse à cette question qui le touche personnellement. Même après avoir quitté sa ville natale d’Edimbourg après le lycée, il demeure profondément écossais. C’est à Londres, où il réside maintenant, qu’il exprime sur le téléphone, une nostalgie évidente pour son pays natal – une nostalgie pour les paysages, les gens, la lumière, et plus encore, pour ses souvenirs d’enfance. Il reconnaît que l’identité écossaise enveloppe à la fois une dose de réalité et un grand nombre de fantasmes. Avec son travail, il s’est donc aventuré jusqu’aux Etats-Unis pour capter, en images, ce conflit entre l’histoire réelle et le mythe. Il n’était pas dans son intention de fournir un documentaire, mais plutôt d’explorer l’essence de l' »âme écossaise ».
L’introduction du livre souligne que l’identité n’est rien de plus qu’une mythologie, selon les mots de l’auteur écossais John Burnside. Il met l’accent sur la fragilité et même la supercherie des traditions écossaises, que l’on imagine ancrées fermement depuis des millénaires. Par exemple, le fameux tartan écossais à carreaux, connu comme un symbole d’appartenance clanique, n’a reçu cette signification que grâce à un fabricant de tissu du XVIIIe siècle désireux de s’étendre au-delà des régiments de soldats. L’auteur met en évidence que l’identité écossaise s’est transformée en une production théâtrale, une accumulation de rumeurs, de mauvaise compréhension de l’histoire, d’exercices littéraires extravagants et d’effets de mode. Malgré cela, il admire la volonté d’établir une convivialité et une communauté au sein d’un lieu commun, même si ce lieu est largement imaginé, à une époque dominée par un individualisme élevé. La lecture de la suite de l’article est réservée aux abonnés.
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