Dans notre résumé de la situation d’hier, la confrontation entre Israël et le Hamas a entraîné la perte de 33 091 vies dans la bande de Gaza, dont la majorité étaient des civils, comme l’a annoncé le ministère de la santé du Hamas le vendredi 5 avril. Du côté israélien, près de 1 170 individus ont péri, majoritairement des civils, suite à l’assaut du Hamas le 7 octobre 2023, en accord avec des données compilées par l’Agence France-Presse (AFP) provenant de sources officielles israéliennes. Selon l’armée israélienne, 600 de ses soldats ont perdu la vie lors des conflits en bande de Gaza.
De plus, selon l’armée israélienne, dans le contexte de l’attaque du 7 octobre, plus de 250 personnes ont été capturées et emprisonnées comme otages en territoire palestinien, parmi lesquelles 130 sont encore détenues, y compris 34 présumées décédées.
Le Conseil des droits de l’homme de l’Organisation des Nations Unies (ONU) a demandé l’arrêt de la vente d’armes à Israël, en adoptant une résolution le vendredi 5 avril, dans laquelle le terme très critique de « génocide » figure et exigent la cessation de toute exportation d’armes à Israël. Il est à signaler que cette résolution n’est pas juridiquement obligatoire.
Cette résolution demande à « tous les Pays d’arrêter la vente, le transfert, et l’envoi d’armes, de munitions et d’autres équipements militaires en direction d’Israël afin de prévenir des violations supplémentaires du droit international humanitaire ainsi que des infractions et violations des droits de l’homme ». Elle « dénonce » également l’usage de l’intelligence artificielle « contribuant à la prise de décision militaire susceptible d’aider à la commission de crimes internationaux ».
Dans la version initiale du projet, plusieurs mentions de génocide ont été supprimées. Toutefois, le texte final fait toujours référence à ce terme en mentionnant « la décision de la Cour internationale de justice qui admet un risque plausible de génocide ».
Sur les quarante-sept membres du Conseil, vingt-huit ont soutenu cette résolution introduite par le Pakistan. Six pays, y compris l’Allemagne et les États-Unis, ont voté contre. Treize nations se sont abstenues, y compris la France, qui ne peut incorporer le terme génocide « sans validation par une autorité juridique compétente » telle que la Cour internationale de justice, a exposé l’ambassadeur français, Jérôme Bonnafont.
Avant le vote, Ibrahim Khraishi, le représentant palestinien à l’ONU, a pressé les membres du conseil d' »arrêter ce génocide diffusé en direct sur les écrans du monde entier ». De son côté, l’ambassadrice israélienne, Meirav Shahar, a déclaré : « Un vote pour, c’est un vote pour le Hamas, un vote pour justifier et stimuler le terrorisme palestinien ».
La semaine précédente, le Conseil de sécurité de l’ONU à New York avait adopté une résolution exigeant un cessez-le-feu, grâce à l’abstention de Washington, l’allié le plus proche d’Israël. Cependant, cela n’a pas encore eu d’impact significatif sur la situation sur le terrain.
L’armée israélienne a admis vendredi avoir commis des « fautes graves » qui ont entraîné le décès de sept travailleurs humanitaires, tués lundi à Gaza lorsque leur convoi a été frappé par trois attaques israéliennes en l’espace de quatre minutes. WCK demande à ce qu’une enquête indépendante soit mise en place.
Selon un rapport interne de l’armée israélienne, une « erreur d’évaluation opérationnelle » a été commise par l’équipe de drones responsable des attaques. Ils ont identifié un « militant du Hamas » armé tirant depuis le toit d’un des véhicules d’aide convoyés par l’ONG américaine World Central Kitchen (WCK).
Cette erreur d’identification a conduit les forces militaires à attaquer les véhicules de la WCK, en supposant à tort que des membres du Hamas étaient présents. Cela a résulté en la mort de sept travailleurs humanitaires innocents comme indiqué dans le rapport.
En plus des « violations des processus opérationnels standard », l’armée a admis que, bien que la WCK ait partagé leur itinéraire, les responsables de l’attaque n’étaient pas au courant. Le rapport conclut que le tragique incident « aurait pu être évité » et que deux officiers impliqués seront renvoyés.
Vendredi dernier, la WCK a réclamé la mise en place d’une commission d’enquête indépendante sur cet incident tragique. Selon un communiqué de l’organisation humanitaire, la vidéo de l’incident ne présente aucune menace justifiant l’attaque de leur convoi, qui ne transportait aucune arme. La WCK soutient que l’armée israélienne « ne peut pas mener une enquête crédible sur son propre échec à Gaza ».
D’autre part, le chef de l’ONU a estimé que les mesures annoncées par Israël pour l’aide humanitaire à Gaza sont insuffisantes.
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a insisté sur la nécessité d’un changement radical de direction plutôt que de se contenter de mesures disparates. Il a exhorté Israël à honorer avec célérité et sincérité ses engagements d’ouvrir temporairement de nouveaux points de passage pour l’acheminement de l’aide à Gaza.
Sous la pression internationale, notamment des États-Unis, le conseil de sécurité israélien a donné son aval vendredi à l’augmentation immédiate de l’assistance humanitaire à la population civile de la Palestine, comme l’indique un communiqué du bureau du premier ministre Benyamin Nétanyahou.
Israël autorisera donc le transit « temporaire » de l’aide via le port israélien d’Ashdod, situé à approximativement 40 kilomètres au nord de la Palestine, puis par le poste frontalier d’Erez, au nord de Gaza. Les autorités israéliennes ont également prévu d’accroître l’aide jordanienne via Kerem Shalom, un poste frontalier entre Israël et le sud de l’enclave palestinienne.
Jeudi, lors d’un appel téléphonique, le président américain Joe Biden a mis en garde Israël pour la première fois sur le soutien des États-Unis. Selon un communiqué de la Maison Blanche, M. Biden a déclaré que « la politique américaine concernant Gaza serait définie par [l’]évaluation des mesures concrètes prises par Israël » pour protéger les civils. Quand on l’a interrogé vendredi pour savoir s’il avait menacé de stopper l’aide militaire à Israël lors de cet appel, M. Biden a répondu : « Je leur ai demandé de continuer leurs actions. »