Il est rassurant de dire que nous ne revivons pas les années 1930, en soulignant la multitude de différences par rapport à cette période de l’histoire où la menace émanait de l’autre côté du Rhin et l’Europe n’était qu’un rêve idéaliste. Néanmoins, le parallèle d’alors et maintenant repose fortement et malheureusement sur une tendance à blâmer les étrangers, ou ceux perçus comme tels – principalement les Juifs à l’époque, et aujourd’hui les musulmans – pour tous nos maux, en proposant leur exclusion, voire leur expulsion, comme solution.
Marine Le Pen, à la suite de son père, a maintes fois martelé le concept de « préférence nationale », désormais renommée » priorité nationale « . Elle a fait tant d’efforts pour adoucir son langage et promettre tout à tout le monde qu’elle n’a plus besoin d’insister sur cet aspect fondamental de l’extrême droite. De plus, lors du débat sur la loi dite « immigration » en 2023, l’adhésion de la droite traditionnelle – et même de certains élus macronistes avant la censure du Conseil constitutionnel – à l’idée de renforcer les conditions d’entrée pour les étrangers en situation régulière à certaines prestations sociales a été saluée par Le Pen comme » une grande victoire idéologique « .
Même si le slogan principal de l’extrême droite, qui est le fondement de la promesse d’un » référendum sur l’immigration « , est surdéfini, il ne faut pas oublier qu’il est au cœur de son programme, surtout à l’approche des élections européennes où les enjeux de souveraineté sont primordiaux.
L’emploi, les finances publiques, l’éducation, la santé, la sécurité, le logement… Toutes les « réponses » du Rassemblement National (RN) aux problèmes nationaux prônent l’exclusion des étrangers. Nous devons rappeler que des « solutions » similaires ont été appliquées à la fin de la Troisième République, entraînant des conséquences bien connues. Cela ne signifie pas pour autant que nous accusons Mme Le Pen d’être nazie, une accusation infondée, mais plutôt que nous tirons les conclusions de notre histoire.
Obsession
Gérard Noiriel, dans son livre « Préférence nationale. Une leçon d’histoire pour nos contemporains » (Gallimard, « Tracts », 64 pages, 3,90 euros), rappelle que « durant les années 1930, les débats autour du « problème » de l’immigration ont déclenché (…) un engrenage fatal ». Aucune des lois visant à régler ce « problème » n’a réussi à mettre fin à la grave crise économique et sociale de l’époque. Et l’historien de préciser « en 1934, le Parti radical, pilier de la vie politique, s’est mis à adopter en partie le programme de l’extrême droite ».
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