Plusieurs semaines se sont écoulées, mais Baruch, 19 ans, reste profondément choqué. La photo qu’il garde sur son téléphone mobile ne cesse de le perturber – une affiche découverte en février sur la vitrine d’un magasin de location de sports d’hiver à Davos, en Suisse. Elle indique en hébreu: « Nous n’accordons plus de location de luges et de skis à nos amis juifs. » Résidant dans le quartier ultra-orthodoxe de Stamford Hill, au nord de Londres, Baruch voit cela comme la preuve que les limites de la décence ont été dépassées. Pour lui, cela rappelle la situation en Allemagne à partir de 1933, et il n’hésite pas à faire allusion aux conséquences dramatiques qui ont suivi.
Baruch est un des élèves d’une école talmudique située à Davos. L’entrée de cet ancien hôtel, transformé en centre pour jeunes religieux, est remplie de chapeaux et de manteaux noirs suspendus à l’entrée. De nombreux adolescents et jeunes hommes, vêtus de noir et blanc, coiffés de kippas et de papillotes, viennent de toute l’Europe et parfois même plus loin pour étudier le talmud dans l’une des deux yeshivas de la station. Que ce soit Moshe d’Anvers (Belgique), Josef de Bnei Brak (près de Tel-Aviv) ou David d’Amsterdam, tous s’accordent à dire qu’après l’attaque du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, l’atmosphère est devenue significativement plus lourde. Chacun d’eux ressent un regard accusateur, comme s’il était chargé d’un sentiment de culpabilité.
Ruedi Pfiffner, un gérant de petite entreprise dans les Alpes, a fait la une des journaux en refusant de louer des luges aux clients juifs, provoquant un tollé en Israël et aux États-Unis. Selon Pfiffner, ses clients juifs arrivent souvent en baskets et ne sont pas préparés pour les sports d’hiver, laissant parfois le matériel sur les pistes. Il argue donc que son refus est basé sur des raisons de sécurité et non sur ses préjugés personnels. Cependant, Jonathan Kreutner, Secrétaire général de la Fédération Suisse des Communautés Israélites (FSCI), envisage d’entamer une action en justice car il considère le « ils » généralisant de Pfiffner comme discriminatoire et antisémite. Il insiste sur le fait que tous les Juifs ne laissent pas les luges dans la neige ou n’agissent pas mal envers les commerçants. La police cantonale est en train de mener une enquête pour déterminer si le message de Pfiffner était maladroit ou intentionnel. Suite à la controverse, il a remplacé son premier message par un autre, en allemand, qui ne mentionne plus les clients juifs, mais précise que des vêtements et des chaussures d’hiver adéquats sont nécessaires pour louer du matériel de sport en hiver.
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