Dans un appel lancé le jeudi 4 avril, plusieurs partis d’opposition et une association civile togolaise ont invoqué une manifestation de trois jours pour protester contre le report des élections législatives et régionales. Cet appel est survenu un jour après l’arrestation de neuf opposants politiques et dans un climat de plus en plus tendu à la suite de l’adoption d’une nouvelle Constitution à la fin du mois de mars. Les partis d’opposition ADDI, ANC, FDR et PSR, ainsi que l’organisation civile FCTD, ont invité le public à participer à la manifestation les 11, 12 et 13 avril. Ils ont exhorté aussi les candidats à poursuivre leur campagne sur tout le territoire national.
Depuis 2022, les manifestations au Togo sont interdites, une mesure prise après une attaque mortelle contre un gendarme au grand marché de Lomé. Ces protestations surviennent suite à l’annonce du report des élections prévues pour le 20 avril, un délai donné par les autorités pour permettre aux députés de l’Assemblée nationale de reconsidérer le projet de nouvelle Constitution adopté le 25 mars.
La nouvelle Constitution, qui a provoqué une vague de critiques pour avoir transformé le Togo d’un régime présidentiel à un régime parlementaire, a fait l’objet d’une nouvelle revue ordonnée par le président Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005, succédant à son père qui a été chef d’État pendant près de 38 ans. De plus, neuf personnes ont été arrêtées le mercredi.
Thomas Kokou N’soukpoe, représentant du groupe d’opposition et de la société civile – la Dynamique Monseigneur Kpodzro (DMK) a déclaré à l’AFP que neuf membres du DMK ont été arrêtés alors qu’ils alertaient le public à propos de l’inconstitutionnalité de la révision constitutionnelle dans le marché d’Akodessewa. Le procureur de la République, Talaka Mawama, a plus tard confirmé cette information à travers une déclaration à l’antenne nationale.
Selon le procureur, les membres arrêtés étaient flagrants en train de distribuer des brochures et de crier des slogans incitant à l’agitation civile, même si aucune manifestation publique n’avait été autorisée. Une enquête judiciaire a été mise en mouvement.
Brigitte Adjamagbo-Johnson, leader de la coalition d’opposition et d’organisations civiles, la Dynamique pour la majorité du peuple (DMP), a qualifié le report des élections, qui n’a pas encore de date fixée, d’irrespectueux envers les candidats qui ont investi considérablement pour se préparer.
L’opposition s’inquiète que la nouvelle Constitution, qui donnera à l’Assemblée nationale le droit de choisir directement le président et le chef du gouvernement, perpétue le maintien au pouvoir du président Faure Gnassingbé. Nathaniel Olympio, chef du Parti des Togolais, a déclaré à l’AFP que les Togolais sont furieux et souhaitent que le projet de la nouvelle loi constitutionnelle soit retiré sans conditions, car il estime que le gouvernement est en train de semer le chaos dans le pays.
« Les citoyens du Togo restent attentifs. « Cette tentative de coup d’État constitutionnel ne sera pas tolérée cette fois », a poursuivi la déclaration. Initialement prévues pour décembre, les élections législatives et régionales ont été repoussées deux fois, avec la date actuellement fixée au 20 avril. L’opposition, qui avait auparavant évité les élections législatives de 2018, prévoit de se présenter en grand nombre aux urnes cette année.
David Dosseh, porte-parole du Front citoyen Togo debout (FCTF), un large regroupement de la société civile, a déclaré à l’AFP que « Une assemblée dont le mandat est terminé et qui est sur le point d’être renouvelée ne peut pas se permettre une modification majeure de la loi fondamentale ». Selon l’historien Michel Goeh-Akue qui s’est exprimé jeudi auprès de l’AFP, « le fait de modifier la Constitution est en soi une violation et nécessite un référendum ».
Le parcours législatif de la réforme constitutionnelle a été marqué par des tensions. Suite à l’approbation en première lecture de la nouvelle Constitution par les députés, une conférence de presse organisée par une trentaine de partis d’opposition et de groupes de la société civile a été interrompue par les gendarmes togolais. Lors d’une émission sur une radio privée locale, le ministre de la Fonction publique, Gilbert Bawara, a défendu la deuxième lecture du texte à l’Assemblée, jeudi. « Le processus législatif relatif à cette réforme constitutionnelle n’est pas encore terminé », a-t-il affirmé, ajoutant qu’il croyait que les élections législatives se dérouleraient « sur la base de la réforme constitutionnelle actuelle ». »
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