Au cours de la crise du Covid-19, les institutions culturelles comme les musées, théâtres et cinémas ont survécu grâce au financement de l’État, dépensant au total 3,1 milliards d’euros. Cependant, le gouvernement n’a pas fait d’évaluation précise des besoins ou des performances, menant à de nombreux déchets et une navigation perpétuellement incertaine.
Un rapport publié en mars par la Cour des comptes a souligné que cette gestion approximative est d’autant plus frustrante que l’Etat cherche à économiser 10 milliards d’euros et a déjà « volé » 200 millions d’euros à la culture. Il est compréhensible que, pour des raisons émotionnelles et politiques, l’Etat devait agir rapidement. Néanmoins, le manque de contrôle a conduit à un quasi chaos, rendant les efforts pour récupérer les paiements indus de certains bénéficiaires d’aides inexistants.
L’exemple le plus frappant est celui des 30 millions d’euros destinés à financer 264 œuvres d’artistes. Selon le rapport de la Cour des comptes, de nombreuses critiques peuvent être formulées à l’encontre de ce programme baptisé « Mondes nouveaux ». Parmi elles, le choix d’artistes par des experts déconnectés des réalités locales et des aspirations de la population, l’attribution d’une somme importante à des agences pour réaliser des études, une répartition inégale de l’argent qui ne permet pas aux artistes de recevoir plus de 20% des fonds et le fait que le public ait été complètement négligé, sans aucune exposition organisée.
La Cour des comptes réclame un examen détaillé d’une opération considérée comme obscure avant de mobiliser 30 millions supplémentaires, suite à une catastrophe de gestion. Cette dernière estime que si les fonds culturels liés à la Covid-19 ont été mal utilisés, c’est à l’Etat d’être tenu responsable, pour avoir marginalisé le ministère de la culture au bénéfice d’entités telles que la Caisse des dépôts ou Bpifrance, la banque publique d’investissement.
Il n’y a pas eu d’auto-évaluation de ces erreurs. La majorité des accusations est encore en suspens. L’objectif n’était pas uniquement de secourir le secteur culturel mais plutôt de le moderniser ; pour évaluer ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas, et pour définir des priorités. Selon les juges, on n’a pratiquement rien accompli. Pire encore, des fonds ont été alloués à des programmes sans discernement. La distinction n’a pas été faite par l’Etat entre un théâtre qui souffrait à cause de la crise de la Covid-19 et un autre qui avait déjà des problèmes antérieurs à cause de dysfonctionnements sérieux. Certaines institutions culturelles se sont retrouvées avec davantage de ressources que ce que leur attribuait habituellement le ministère.
Qu’en est-il du résultat ? Les fonds de la Covid-19 ont amplifié l’offre culturelle. C’est stupéfiant, car maintenant, alors que la pandémie semble loin, le milieu du spectacle qui était déjà en difficulté se trouve dans une situation encore pire. Les théâtres et les opéras n’ont plus les fonds suffisants pour exécuter une saison complète ; ils annulent des spectacles ou des chorégraphies, préférant des noms populaires qui remplissent les salles aux jeunes artistes.
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