En novembre 2023, le ministre allemand de la défense, Boris Pistorius, avait fait une déclaration marquante, stipulant que l’armée allemande, Bundeswehr, devait être « kriegstüchtig » (« apte à faire la guerre »). Il avait souligné que pour atteindre cet objectif, une restructuration profonde était nécessaire en plus des ressources financières supplémentaires. Cinq mois plus tard, le 4 avril, ilapublié son plan comprenant les étapes qui doivent, selon lui, guider l’armée allemande pour être « impeccablement préparée pour les situations les plus sérieuses, qu’il s’agisse de défense ou de guerre ».
Il a principalement annoncé la création d’un « seul commandement opérationnel ». Jusqu’à présent, Bundeswehr menait ses missions via deux commandements différents, l’un basé à Potsdam pour les interventions à l’étranger, l’autre basé à Berlin pour la défense du territoire national. En combinant ces deux structures, M. Pistorius cherche à « éliminer les redondances », « préciser les responsabilités » et offrir aux partenaires de la Bundeswehr, au niveau régional (les Länder) et international (l’OTAN), un « point de contact unique ».
Il a été annoncé la mise en place d’une quatrième division militaire dédiée au « cyberespace et à l’information », rejoignant ainsi les rangs de l’armée de terre, de la marine et de l’armée de l’air. Auparavant, cette responsabilité était sous la tutelle d’un simple commandement, établi en 2017, à Bonn, l’ancienne capitale fédérale. En transformant ceci en une division militaire autonome et en faisant cette annonce lors du 75e anniversaire de l’OTAN, le gouvernement allemand adopte une position politique visant à souligner la priorité accordée à la cyberdéfense face à l’inflation des menaces « hybrides ».
En matière de cybersécurité, Berlin a besoin de rétablir sa crédibilité, comme l’a illustré l’interception par la Russie d’une conversation téléphonique entre quatre officiers supérieurs allemands discutant de l’envoi potentiel de missiles à longue portée en Ukraine.
Les experts restent pourtant sur leur faim malgré les révélations tant attendues de M. Pistorius. « Le plan de réforme va dans la bonne direction mais il manque l’envergure nécessaire à la véritable refonte qu’exige la Bundeswehr. Maintenant, la question cruciale est de déterminer le degré et la rapidité avec lesquels ces changements seront appliqués », analyse Sönke Neitzel, professeur d’histoire militaire à l’Université de Potsdam et membre du conseil scientifique de l’Académie fédérale de politique de sécurité (BAKS). Mme Annegret Kramp-Karrenbauer, dernière ministre de la défense d’Angela Merkel, en 2021, avait imaginé une réforme plus ambitieuse que celle présentée par le ministre actuel de la défense.
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