Le 15 décembre 2023 marque la date à laquelle la Finlande a fermé sa frontière terrestre avec la Russie. En raison des accusations d’Helsinki à l’encontre de Moscou pour avoir « utilisé l’immigration pour déstabiliser le pays », cette action gouvernementale devait être initialement temporaire. Toutefois, elle est en passe de devenir permanente : la fermeture a été prolongée « jusqu’à nouvel ordre » le jeudi 4 avril, atteignant également le trafic maritime. Par ailleurs, la Finlande envisage une loi d’urgence qui pourrait autoriser le refoulement des migrants à la frontière.
Suite à une rupture des autorités russes dans leurs pratiques habituelles de gestion des migrants sans permis de séjour, le gouvernement de coalition dirigé par le conservateur Petteri Orpo dénonce cette action. Depuis juillet 2023, environ 1300 demandeurs d’asile provenant de divers pays ont réussi à entrer en Finlande, la plupart d’entre eux à vélo, fournis par la police russe.
Quatre mois après la fermeture de la frontière, la ministre de l’intérieur, Mari Rantanen, issue du parti des Vrais Finlandais (extrême droite), maintient que la situation n’a pas évolué. Selon elle, les autorités finlandaises envisagent cette situation comme un probléme à long terme. Avec l’arrivée du printemps, elle s’attend à une augmentation de la pression migratoire sur la Finlande, sachant que « des centaines, voire des milliers de personnes, se trouvent près de la frontière finlandaise du côté russe ».
Un projet de loi d’urgence est en cours d’élaboration. Il permettrait le refoulement des immigrants à la frontière si les autorités pensent qu’il existe des tentatives par des entités étrangères d’influencer la Finlande en utilisant ces migrants comme outils. Ces tentatives devraient poser une menace grave à la souveraineté ou la sécurité nationale de la Finlande. Pour adopter cette loi, une majorité des quatre cinquièmes du Parlement est nécessaire et elle ne peut être appliquée qu’avec l’approbation du président de la République pour une durée limitée d’un mois. Cette loi serait utile si les frontières venaient à être réouvertes ou si les migrants entraient illégalement dans le pays via les forêts. Depuis la fermeture de la frontière, trente-quatre cas d’entrées illégales ont été signalés.
Cependant, la loi fait l’objet de vives controverses. Selon Elina Pirjatanniemi, professeure de droit à l’Université de Turku, le gouvernement a admis que l’adoption de cette loi compromettrait le principe de non-refoulement ou l’interdiction de la torture. Elle souligne que même dans une situation d’urgence, la Finlande ne peut pas unilatéralement renoncer à ses obligations en vertu du droit européen et international.
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