Suite à une semaine de turbulence politique au Togo, de nombreux contestataires ont mis en doute l’adoption d’une nouvelle Constitution par le gouvernement. En réaction à ce conflit, le président a déclaré le mercredi 3 avril, que les élections législatives et régionales initialement prévues pour le 20 avril seraient reportées. Dans un communiqué officiel, la présidence a mentionné un réajustement mineur du calendrier électoral, mais n’a pas précisé de nouvelle date.
La nouvelle Constitution, adoptée par les députés togolais le 25 mars, est conçue pour transformer le pays d’un régime présidentiel à un régime parlementaire. La réforme a été fortement contestée par l’opposition et la société civile, qui suspectent le président d’utiliser cette démarche pour se maintenir au pouvoir. Cette situation a incité le président, Faure Gnassingbé, à demander un second vote parlementaire sur la Constitution. Le report des élections est une conséquence de cette demande d’un examen supplémentaire de la loi de révision constitutionnelle.
En vertu de la nouvelle Constitution, le parlement togolais est chargé d’élire le président privé de prérogative, sans débat, pour un mandat unique de six ans. De plus, les pouvoirs seront placés entre les mains du « président du conseil des ministres », un équivalent au premier ministre choisi par les députés et ayant des fonctions souveraines. Sa durée de mandat est également de six ans, sans précision si elle est renouvelable. Cette ambigüité inquiète l’opposition qui craint que Faure Gnassingbé soit nommé à ce poste, ce qui lui assurerait un maintien au pouvoir à durée indéfinie.
Dans une récente « appel citoyen », une demande massive a été formulée pour « rejeter cette imposture ». Les élections législatives et régionales du Togo, initialement annoncées pour décembre, ont été déplacées au 12 avril, puis reportées au 20 avril. L’opposition, qui avait précédemment évité les élections législatives de 2018, a prévu une mobilisation de grande envergure pour le vote de cette année.
La proposition de réforme constitutionnelle a suscité une grande controverse, autant parmi l’opposition que parmi la société civile. Suite au vote parlementaire, la Conférence des évêques du Togo a soulevé des questions quant à la pertinence et au timing de cette réforme. Ils ont invité le président à surseoir la promulgation de la nouvelle Constitution et à engager un dialogue politique inclusif suite aux prochains résultats des élections législatives et régionales. Vendredi dernier, de nombreux universitaires, intellectuels, artistes, personnalités politiques et acteurs de la société civile ont signé un « appel citoyen », invitant les Togolais à « se mobiliser » contre « cette forfaiture » et ont demandé au président Gnassingbé d’interrompre le processus en cours pour le bien du pays.
Faure Gnassingbé, qui a succédé à son père en 2005 après presque 38 ans de règne autoritaire, a constamment fait l’objet de contestations lors de toutes les élections présidentielles depuis le commencement de la démocratie en 1990. Il a été réélu en 2010, 2015 et 2020 malgré de vives contestations de l’opposition, notamment lors des élections présidentielles d’avril 2005.