L’étape finale de la procédure Parcoursup se conclut ce mercredi 3 avril, avant que les premières décisions ne soient rendues au début du mois de juin. Un deuxième chapitre s’ouvre alors : celui des contestations. En effet, de plus en plus de familles déposent des recours, mécontentes des résultats de leurs enfants. Les travaux d’Annabelle Allouch, sociologue de l’éducation, et de Delphine Espagno-Abadie, maîtresse de conférences en droit, se concentrent sur ces nouvelles formes de contestation. Leur recherche universitaire, « Contester Parcoursup », sera publiée le 5 avril par les Presses de Sciences Po.
Les deux spécialistes estiment que des dizaines de milliers de recours liés à Parcoursup sont déposés chaque année. Bien que le nombre de ces saisines ait augmenté, ils restent minoritaires. Pourquoi se focaliser dessus ? Selon Annabelle Allouch, explorer ces recours, déposés par un nombre croissant de familles, expose comment la relation entre les familles et l’établissement scolaire se transforme. Au lieu de seulement mettre en évidence les inégalités et la polarisation résultant des réformes récentes, s’intéresser aux contestations révèle comment les familles voient le système scolaire aujourd’hui, marqué par un fort sentiment d’injustice.
Ce sentiment d’injustice, et la colère qui en découle, peuvent avoir une influence significative sur la manière dont les jeunes interagissent avec les institutions à l’avenir, ainsi que sur leurs attitudes politiques et celles de leurs familles. Qu’en est-il de la nature des saisines qu’ils ont examinées ?
A.A. : Désormais, il existe des appels institutionnalisés qui sont légalement reconnus comme valides. Ils peuvent prendre plusieurs formes, comme les demandes informelles – par exemple, un e-mail envoyé par une famille à des responsables d’enseignement pour solliciter une place refusée dans un cours – ou alors, ils peuvent se présenter sous forme d’appels dits hiérarchiques – quand aucune option n’est acceptée, un appel peut être fait au rectorat qui en principe doit vous offrir une place conforme à vos préférences. Nous avons également remarqué une augmentation significative des demandes de médiation, notamment auprès du Défenseur des droits ou du médiateur de l’éducation nationale.
Enfin, le dernier genre d’appel est le recours judiciaire, qui est le plus complexe et le moins fréquent (environ 70 par an), mais aussi le plus achevé, face à un juge administratif. Certaines familles utilisent alors toutes les options juridiques disponibles pour contester la décision scolaire, comme jamais auparavant.
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