Environ 25 000 espèces de champignons existent, dont 9 300 sont classées comme « à chapeau ». Cependant, leur santé générale n’a jamais été évaluée. Le mercredi 4 avril a vu la publication de la toute première liste rouge des espèces menacées consacrée aux champignons, qui demeurent en grande partie mystérieux. Cette étude a été réalisée par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), en partenariat avec le Muséum National d’Histoire Naturelle et l’Office français de la biodiversité. Selon cette liste, environ 9 % des bolets, lactaires et tricholomes pourraient devenir obsolètes à long terme si aucun plan de conservation n’est déployé.
« Pour que la liste rouge soit efficace en termes de mesure de la pression sur les espèces et de guidage des politiques de conservation, elle doit prendre en compte tous les aspects de la biodiversité », explique Florian Kirchner, écologue responsable du programme des espèces au sein du comité français de l’UICN. « Mais les champignons, qui sont une des catégories majeures de la vie, n’avaient jamais été évalués. Cette liste est un premier pas en termes d’évaluation de leur état. » Le rôle de « recycleur » est l’un des rôles principaux des champignons.
Promulgué il y a trois décennies, l’initiative visant à mettre en œuvre cet inventaire a été ralentie par le défi de la collecte de données et le déficit en mycologistes compétents. Enfin, en comptant principalement sur la diligence de centaines d’enthousiastes dévoués, les experts ont réussi à regrouper assez d’informations. «Cette compilation est à la fois le fruit d’un effort à l’échelle nationale de rassembler les données et d’harmoniser les spécialistes qui étaient répartis dans différentes organisations et associations. C’est aussi le commencement d’un processus», se félicite Pierre-Arthur Moreau, mycologue et président de l’Association pour le développement d’outils naturalistes et informatiques pour la fonge.
Dans ce premier volet, les experts se sont focalisés sur trois types de champignons parmi les plus connus. Les Bolets, les Lactaires et les Tricholomes partagent le fait qu’ils sont habituellement mycorhiziens – ils vivent en symbiose avec le système racinaire des arbres – et sont présents dans des environnements peu dérangés par l’activité humaine. Les champignons sont fondamentaux pour la croissance des arbres à qui ils fournissent de l’eau et des nutriments et assument un rôle de «recycleur» en décomposant le bois mort.
Parmi les 319 espèces recensées, la liste rouge révèle que douze sont en péril d’extinction et seize sont «quasi en danger». «Ce degré de menace est relativement modéré par rapport à d’autres catégories d’animaux ou de plantes», note Florian Kirchner. Cependant, sur les 319 espèces, un quart n’a pas pu être évalué en raison d’un manque de données. On peut supposer que parmi celles-ci, davantage sont en danger.
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