Avez-vous l’impression que la pluie est incessante ces derniers jours ? Ce n’est pas seulement dans votre tête. Matthieu Sorel, climatologue chez Météo-France, a expliqué que les précipitations étaient « extraordinaires » dans toute la France au mois de mars, suite à la publication, le mercredi 3 avril, du rapport climatique mensuel. Dans une grande partie du Sud-Est, les niveaux de pluie étaient quatre à six fois plus élevés que la moyenne, brisant des records historiques. Au niveau national, l’excès de pluie atteignait environ 85 %, ce qui en fait le cinquième mois de mars le plus humide depuis le début des enregistrements en 1958.
Concernant les records, on a noté 330 mm de pluie tombée à Aubenas (Ardèche), et également 211 mm à Montélimar (Drôme), une quantité inédite depuis l’inauguration de cette station en 1944. Dans les Cévennes, la station de La Souche, située à une altitude de 900 mètres, a même recueilli la somme impressionnante de 912 mm de pluie en un mois.
Suite à ces pluies intenses, plusieurs rivières du Centre-Ouest de la France, dont la Vienne et la Creuse, ont débordé de leurs rives pendant le week-end de Pâques, provoquant des inondations majeures qui n’ont pas pu être absorbées par les sols saturés. Les 9 et 10 mars, sept individus ont tragiquement perdu leur vie dans le Gard et en Ardèche, suite à des épisodes méditerranéens violents qui ont fait monter le niveau des rivières et causé de sérieuses inondations.
C’est une réalité qui contraste fortement avec celle de 2023, lorsque le pays était ravagé par la sécheresse sur tous les fronts. Cette année, alors que Marseille n’avait reçu que 6 mm de pluie en mars 2023, la ville a encaissé 147 mm. De la même façon, Nîmes a vu tomber 250 mm de pluie ce mois-ci, contre seulement 16 l’année précédente.
Il y a une grande divergence entre les différentes situations. Quelle pourrait être la source de ces pluies diluviennes ? La France a été frappée par une série de perturbations – quatre en mars – qui se sont formées sur la péninsule ibérique et la Méditerranée, puis ont remonté vers le pays, transportant avec elles de l’humidité. « La première cause à pointer du doigt est cette configuration météorologique avec des dépressions restant stagnantes sur la péninsule ibérique », note Matthieu Sorel, ajoutant que le changement climatique amplifie ces effets. Quand l’atmosphère se réchauffe de 1 degré, elle peut accueillir 7 % d’eau en vapeur en plus, ce qui peut conduire à davantage de précipitations. Les températures élevées de la Méditerranée et de l’océan Atlantique ont pu renforcer ce phénomène. Le mois de mars a d’ailleurs été particulièrement doux en France, avec un classement au 4ème rang des mars les plus chauds, un phénomène observé globalement.
Les averses ont aussi été intensifiées par un phénomène appelé « rivières atmosphériques », soit « des couloirs réduits d’air extrêmement humide provenant des tropiques, qui ont atteint la France et ont augmenté le volume d’eau précipitable », ajoute Davide Faranda, climatologue CNRS au Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement.
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