Une rumeur circule depuis quelques jours sur les médias sociaux : dans le cadre d’un arrangement secret avec Netflix, Facebook aurait partagé le contenu des messages privés de ses utilisateurs avec le service de streaming. Plusieurs personnes américaines ont fait ces allégations, propagées en France par le complotiste Silvano Trotta.
Cependant, ces critiques contre Meta, la société mère de Facebook, ne sont pas nouvelles. En 2018, une investigation du New York Times accusait déjà l’entreprise de Mark Zuckerberg d’avoir partagé des informations sensibles avec d’autres compagnies comme Amazon ou Microsoft. Deux ans après, une action de groupe s’est formée aux États-Unis, désormais connue sous le nom de « Klein vs Meta Platforms, Inc. ».
C’est cette poursuite qui est à l’origine de la récente vague de reproches contre Meta. Comme le site américain TechCrunch l’a rapporté, un tribunal fédéral californien a publié des documents confidentiels qui révèlent la relation étroite entre Facebook et Netflix, ainsi que d’autres plaintes associées.
Au cœur de ces allégations se trouve Reed Hastings, co-fondateur et directeur de Netflix et membre du conseil d’administration de Facebook de 2011 à 2019. Il apparait comme un acteur clé dans l’établissement d’une « relation spéciale » entre les deux entreprises, renforçant la position dominante de l’une et accentuant la visée publicitaire de l’autre. D’après les plaignants, c’est Hastings qui a autorisé l’accès de Netflix à l’API (Interface de Programmation d’Applications) Inbox de Facebook, donnant « un accès programmatique aux boîtes de réception privées des utilisateurs de Facebook ». Une seconde API, Titan, aurait aussi été partagée pour fournir à Netflix des informations sur les amis des utilisateurs de Facebook Messenger.
« Accès en écriture »
En décembre 2018, Meta avait dû s’exprimer sur les accords qu’elle avait conclus avec Spotify, Dropbox et la Banque centrale du Canada. Selon une déclaration dans un blog, ces accords avaient pour unique but de permettre le partage de messages entre les utilisateurs de Facebook via les applications de ces partenaires. Par exemple, discuter d’une musique avec des amis sur Spotify sans avoir à quitter l’application.
« Pour qu’un utilisateur puisse envoyer un message à un ami Facebook à partir de Spotify, nous devions accorder à Spotify un « accès en écriture », avait expliqué Facebook en 2018. Ils justifiaient cela en déclarant que ces types d’accords étaient courants dans l’industrie. Pour qu’un utilisateur puisse lire les messages en réponse, Spotify devait avoir un « accès en lecture ». »
En avril, en réponse à une publication qui a relancé le débat et a été vue plus de quatre millions de fois, le directeur des communications de Meta, Andy Stone, a répondu succinctement. Il a nié que Meta ait partagé les messages privés des utilisateurs avec Netflix. Cela sous-entend que Netflix et les autres sociétés impliquées n’ont pas eu accès aux messages des utilisateurs sur Facebook.
Cependant, cela n’a pas suffi à apaiser les critiques de Meta qui, au fil des années, a été mêlé à plusieurs scandales liés à la confidentialité de ses utilisateurs. La justice américaine reste à décider une action collective qui est revenue au premier plan des débats en ligne ces derniers temps.
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