Face à l’insistance des exploitants agricoles, désireux de bénéficier de l’envolée des prix du cacao sur les marchés mondiaux, le gouvernement de la Côte d’Ivoire a révélé, mardi 2 avril, une augmentation sans précédent du tarif minimum garanti pour les agriculteurs. Une hausse de plus de 50 % pour la campagne de mi-saison, s’étendant d’avril à fin septembre, ce qui porte le kilogramme de fèves de 1 000 à 1 500 francs CFA (de 1,52 euro à 2,30 euros). Une semaine auparavant, à la Bourse de New York, la tonne de cacao s’échangeait à 10 000 dollars (9 300 euros). Un sommet historique que les cultivateurs du premier pays exportateur mondial – représentant 40 % de la production – comptent exploiter. Plusieurs de leurs syndicats, le 27 mars, avaient reporté un préavis de grève prévu pour le jour suivant, après avoir été informés d’imminentes « décisions audacieuses » du gouvernement.
Le ministre de l’agriculture, Kobenan Kouassi Adjoumani, très attendu par les acteurs clés d’un secteur qui compte pour près de 15 % du PIB ivoirien, a salué mardi « un niveau de prix jamais atteint dans l’histoire du secteur du cacao en Côte d’Ivoire » et a loué les « efforts extraordinaires » déployés par l’Etat.
Dans un geste sans précédent dans l’histoire des cultivateurs de l’Ivoire, un prix plancher élevé a été observé. Trois unions d’agriculteurs, lors d’une réunion au Conseil café-cacao (CCC), ont reconnu cette augmentation de prix, qui est payable directement aux producteurs. Cependant, ils ont annoncé que leur décision finale ne sera révélée que le 12 avril, après une réunion à Daloa (centre-ouest) avec les délégués régionaux. Ils apprécient l’initiative gouvernementale, mais souhaitent une refonte du système de vente à terme, que l’administration n’a pas prise en compte. Il est à noter qu’en Côte d’Ivoire, 70 à 80% de la récolte est vendue en avance à des exportateurs par le biais d’enchères électroniques. Le reste se vend sur le marché spot, juste après la récolte.
La demande de refonte a été reprise par les députés du PDCI, principal parti d’opposition, qui cherchent une revalorisation du prix plancher à 2 500 francs CFA (3,81 euros) et veulent une révision de la politique de commercialisation des produits agricoles ivoiriens. Ils ont également mentionné les défis liés au changement climatique.
Kobenan Kouassi Adjoumani a répondu aux critiques du système de stabilisation en faveur du système libéral après une augmentation des prix sur les marchés boursiers. Il rappelle que la Côte d’Ivoire a précédemment testé un système de vente à découvert entre 2000 et 2011, qui n’a pas été bénéfique pour les producteurs locaux. Parfois, ils recevaient seulement moins de 500 francs CFA par kilo de cacao lors d’une baisse des prix mondiaux. Les producteurs de cacao ivoiriens observent avec jalousie leurs homologues camerounais qui ont pu vendre leur cacao à environ 5 000 francs CFA par kilo.
Adjoumani, en accord avec Yves Brahima Koné, le directeur du Conseil café-cacao, a affirmé que les augmentations de prix globales bénéficieront aux producteurs de cacao en Côte d’Ivoire, bien que cela puisse prendre un certain temps. Les ventes de la récolte 2024-2025 seront basées sur le prix au 1er octobre 2024, à condition que la quantité récoltée corresponde aux prévisions.
Les fortes précipitations des dernières années ainsi que l’épidémie de l’oïdium du cacaoyer ont impacté négativement la récolte de fèves de cacao. Ils sont responsables d’une diminution de 25% par rapport à la récolte précédente avec une estimation de 1,75 millions de tonnes pour la saison 2023-2024. Si cette baisse de production persiste, ce qui pourrait être influencé par le changement climatique et le vieillissement des plantations de cacao, cela risque d’entraîner une augmentation des prix et de relancer le débat sur le système de ventes anticipées.
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