Devant les murs écarlates et les toits dorés du Pavillon de l’éminence littéraire, Stéphane Séjourné, le ministre des affaires extérieures en France, a initié la grande exposition « La Cité Interdite rencontre le Château de Versailles » en coupant le ruban ce lundi 1er avril, suite à un concert dédié dans la ville chinoise par l’Opéra royal du château. Cet événement se situe parmi les plus marquants d’un agenda culturel copieux organisé pour commémorer le soixantième anniversaire de l’établissement des liens diplomatiques entre la France et la Chine.
Les touristes chinois seront introduits à l’intérêt commun qui inspirait les cours de l’empereur Kangxi et de Louis XIV. Les cadeaux diplomatiques de la France à la Chine, tels que les montres sophistiquées et les instruments d’astronomie, captaient beaucoup d’attention, tandis que le roi français et sa cour se passionnaient pour des mystérieuses porcelaines et découvraient avec grand intérêt des éventails et des papiers peints méticuleusement dessinés. L’art français développait une fascination rapide pour l’Empire du Milieu, tout comme certaines élites intellectuelles y compris Voltaire, un avide sinophile, qui dévorait les récits des jésuites ayant vécu en Chine. « La culture connecte les peuples », déclare Christophe Leribault, président du Château de Versailles.
Le projet mis en place pour l’Année franco-chinoise du tourisme culturel est hautement ambitieux. Il comprend, entre autres, des peintures de Claude Viallat à Kunming, des photographies de Marc Riboud à Changsha, et des chefs-d’œuvre du musée de Reims à Shenzhen. Il s’agit aussi des œuvres de l’artiste Annette Messager à Shanghaï, sans oublier les concerts de l’Orchestre de l’Opéra royal de Versailles et de l’Orchestre de chambre de Paris. Ces actions sont mises en place dans le but de renforcer les liens avec la Chine, pas seulement avec ses dirigeants mais également avec ses habitants, suite à trois ans de confinement dû à la pandémie, et en dépit des divergences croissantes.
En parallèle, Paris attend « une réponse très nette » de la Russie, quelques semaines avant la visite en France du président Xi Jinping prévue début mai. Ceci constitue l’aspect le plus prometteur d’une relation compliquée. Paris observe que la Chine joue un rôle déterminant sur certaines questions mondiales, comme le changement climatique. En effet, elle est le premier émetteur de CO2, mais également le leader mondial dans les énergies renouvelables. Selon l’Agence internationale de l’énergie, la Chine représentera 56% de l’installation de capacités d’énergies renouvelables entre 2023 et 2028.
Il existe de nombreux points de désaccord. Deux thèmes dominent cette liste. Le premier est de nature diplomatique et concerne les intérêts sécuritaires essentiels de l’Europe : malgré plus de deux années de conflit en Ukraine, l’appui diplomatique et économique de Beijing envers Moscou reste inébranlable, en dépit de la prétendue neutralité chinoise. Paris estime que la pression européenne a pu empêcher Beijing de renforcer son soutien en se lançant dans le commerce des armes, mais note également que la position de la Chine ne s’améliore pas, le lien entre Xi Jinping et Vladimir Poutine ne cessant de se renforcer. « Nous attendons de la Chine qu’elle envoie des messages très clairs à la Russie », a déclaré Stéphane Séjourné face au ministre des affaires étrangères chinois, Wang Yi, à la résidence des hôtes étrangers, Diaoyutai.
Il reste 30.63% de cette article à lire. La suite est réservée aux abonnés.