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2 avril 2024 18 h 11 min

« Macron, obsession pour l’héritage Pompidou? »

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Il a surpris plus d’un lorsque Emmanuel Macron a décidé de marquer, en juin 2019, le cinquantenaire de l’accession de Georges Pompidou à la présidence de la République par une cérémonie flamboyante. On le savait attiré par les figures héroïques de l’histoire récente – Napoléon, de Gaulle et Clemenceau – qu’il n’a pas manqué d’honorer lors d’événements commémoratifs.

On avait souvent perçu Macron comme le successeur de Valéry Giscard d’Estaing. Ce dernier avait été élu président en 1974, prônant la modernité, avec un programme démontrant une rupture générationnelle tout en incorporant un mélange de libéralisme économique, d’européanisme fervent et de progressisme social. Néanmoins, si la filiation giscardienne semble évidente, pourquoi alors Emmanuel Macron est-il si préoccupé par l’entretien du patrimoine de Georges Pompidou (1911-1974), qui est, en de nombreux points, son opposé ?

Afin de mieux comprendre l’attrait du présidant innovateur pour le sage de Montboudif [la ville natale de Georges Pompidou dans le Cantal], il est possible de se référer à son introduction au livre collaboratif Dans l’intimité du pouvoir de la présidence Georges Pompidou (Nouveau Monde, 2019). Il y éloge particulièrement les attributs de « réformiste infatigable » de ce dernier, dont le mandat coïncidait avec « une époque de bonheur, caractérisée par le plein emploi et la croissance ». Dans son discours commémoratif du cinquantième anniversaire, il considérait Pompidou comme un pionnier qui « pensait simultanément à la vieille France et à la nouvelle France ». Devrions-nous interpréter cela comme une sorte d’incarnation déléguée, ou même un autoportrait? Au-delà de la référence nostalgique à l’âge d’or de l’époque Pompidou, une période du « miracle économique » français, de la société de consommation uniforme et du plein emploi, l’adoption du « pompidolisme » par le président du « nouveau monde » pose vraiment question.

Réside-t-il en lui même comme le successeur de cette France reconnue pour ses lettres, ses arts, et sa culture dont son prédécesseur distant était le symbole ? En effet, leur passion pour les mots les a conduit tous deux à tenter leur chance au concours de l’Ecole normale supérieure, réussissant pour l’un et, peut-être, laissant un goût d’inachevé pour l’autre [suite à son échec]. Cette déception est aujourd’hui équilibrée par l’emphase littéraire des commémorations présidentielles, alors que Georges Pompidou se limitait à parsemer ses conférences de presse de citations, dont la célèbre de Paul Eluard [lorsqu’il a été interrogé sur le suicide en septembre 1969 de Gabrielle Russier, une professeure de lettres condamnée pour détournement de mineur, Georges Pompidou a cité un vers de Comprenne qui voudra (1944) : « Moi, mon remords, ce fut la victime raisonnable au regard d’enfant perdue, celle qui ressemble aux morts, qui sont morts pour être aimés »].
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