Phil Trachtenberg se rappelle très bien où il était le 7 octobre 2023 : au lit. La journée précédente, il avait démissionné de son poste dans une entreprise de gestion de données hospitalières. Soudainement, des alertes clignotent sur son téléphone, signalant une attaque du Hamas en Israël. Phil est à 99,1% juif ashkénaze, confirmé par un test génétique, bien qu’il n’ait pas de relation spéciale avec Israël, un pays qu’il n’a visité qu’une seule fois. Il fréquente une école juive tous les dimanches, célèbre les grandes fêtes juives en famille, mais ne pratique pas le shabbat ni ne suit une éducation religieuse rigoureuse. Alors que les détails de la tuerie se révèlent au fil des heures, il est choqué. Sa première réaction est de penser aux fusillades aux États-Unis, et au fait qu’il assiste lui-même à des festivals de musique, tout comme certaines des victimes israéliennes.
Phil Trachtenberg, un homme de 32 ans, a développé une fascination intense pour Gaza après une semaine. Régulièrement, il visionne Al-Jazira, une chaîne de télévision qatarie, irrité par la représentation contenue et détachée de la réalité par les médias américains, telle que « l’explosion d’une bombe ». Les plateformes de réseaux sociaux sont sa principale source d’information, et il suit des vidéos de soldats israéliens célébrant dans les débris fumants. De plus, il suit des spécialistes autoproclamés du conflit sur TikTok. Il est très touché par les décès d’infants dans l’hôpital Al-Shifa, situé à Gaza. « Avant le 7 octobre, j’étais ignorant en ce qui concerne le conflit. Quand j’ai découvert des faits sur la Nakba (l’exode massif forcé des Palestiniens en 1948), et sur le contexte, cela m’a rappelé le sort des Américains autochtones. J’ai perçu une similitude dans l’histoire du colonialisme. Il m’a semblé qu’Israël était trop enclin à entrer en guerre, comparativement aux États-Unis suite au 11 Septembre. »
Il coupe les ponts avec plusieurs de ses amis juifs à Madison. Il fait vigie devant le bureau de Tammy Baldwin, une sénatrice démocrate du Wisconsin. Il découvre plusieurs organisations anti-guerres, milite pour les droits des Palestiniens et cherche à donner un sens à sa désolation. Puis, il rencontre « Listen to Wisconsin », une initiative locale qui répond à son désir de s’impliquer. Cette initiative appelle les électeurs des primaires démocrates le 2 avril, pour voter blanc en protestation contre l’appui enthousiaste du gouvernement Biden envers Israël. L’objectif principal est de gagner 20 000 voix, soit l’écart de votes par lequel les démocrates ont remporté le Wisconsin en 2020 contre Trump.
Manifestations en faveur des Palestiniens.
Malgré le fait que Joe Biden ait déjà accumulé suffisamment de délégués pour obtenir l’investiture, un mouvement progressiste grass-roots persiste et s’élargit, instaurant de l’inquiétude parmi les tacticiens du parti. Ce mouvement a commencé à prendre forme dans le Michigan et le Minnesota et se poursuit maintenant dans le Wisconsin. Cet état est d’une importance cruciale pour les élections présidentielles de novembre, lesquelles devraient être extrêmement disputées. D’après une étude récente du Pew Research Center, la nation semble être profondément divisée au sujet de la guerre en cours. Un tiers de la population est défavorable à l’aide militaire fournie par les États-Unis à Israël. Parmi les démocrates et les indépendants, 34% pensent que Biden est trop pro-Israélien.
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