« «Hé, ne te presse pas tant, mon cher Guy, / Attiré par ta silhouette qui coupe le vent. Pourquoi / Sommes-nous si pressés ? », écrivait Jacques Réda en introduisant Un manteau de fortune (Gallimard, 2014), œuvre de son ami Guy Goffette. Aujourd’hui, Guy Goffette est emporté par le vent. Il nous a quitté dans la nuit du 28 mars, à l’âge de 76 ans, ayant toujours vécu sur le départ, sur le seuil, rêvassant à l’horizon depuis une caravane abandonnée dans un jardin, entre la jouissance de l’instant présent et le charme de la nostalgie. « On ne part pas », déclarait Rimbaud, mais tout le monde sait que ce n’est pas exact. Il faut revisiter son œuvre pour entendre à nouveau la voix du poète, comme l’eau d’une fontaine.
Ce poète est né le 18 avril 1947 à Jamoigne, en Lorraine belge, à l’intersection de trois pays (Belgique, France et Luxembourg), avec la nature comme premier conteur, préférant les arbres où les oiseaux se posent aux maisons qui grince. Sa famille est laborieuse sous un ciel blanc, la maison repliée sur elle-même, le père silencieux et dur. L’enfance sera le centre des futures élégies, une « vie promise » qu’il a perdue et qu’il a, depuis, inlassablement poursuivi. »
Guy Goffette a choisi une carrière en enseignement en tant qu’adulte. Cet ancien professeur et instituteur s’est marié à Françoise en 1969, a eu trois enfants et a construit sa propre maison près du village d’Harnoncourt. Plus tard, il est devenu éditeur chez Gallimard, supervisant les collections « Enfance en poésie » et « Folio Junior en poésie ». En 1980, il a créé la revue Triangle avec des compatriotes, ainsi que L’Apprentypographe, un projet qu’il a continué à imprimer manuellement jusqu’en 1987. Cette année-là, il a commencé à publier des critiques de livres dans La Nouvelle Revue française. Il a également voyagé (Balkans, Québec, Roumanie) et a connu des séparations.
Sa passion pour la musique et la peinture s’est manifestée en 1988 avec la publication de son premier recueil important, Eloge pour une cuisine de province, publié par Champ Vallon. Ce recueil a été récompensé par le Prix Mallarmé. Son oeuvre est renommée pour sa simplicité, sa maturité et son dévouement à exprimer l’émotion. Pour lui, la poésie est une question de grâce et de minimalisme, une attention précise aux petits détails de la vie quotidienne et une évaluation honnête de la beauté des gens et des lumières. Son style est mélancolique et son humour est discret. « La nuit en province tombe dans les yeux bien avant l’âge » et « Mais la dernière station/Est celle du métro. » sont deux exemples de son travail.
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